X-Received: by 2002:a37:5bc3:: with SMTP id p186mr6661159qkb.401.1594761720786; Tue, 14 Jul 2020 14:22:00 -0700 (PDT) X-Received: by 2002:a25:acd5:: with SMTP id x21mr10918136ybd.400.1594761720515; Tue, 14 Jul 2020 14:22:00 -0700 (PDT) Path: ...!news-out.google.com!nntp.google.com!postnews.google.com!google-groups.googlegroups.com!not-for-mail Newsgroups: fr.rec.arts.litterature Date: Tue, 14 Jul 2020 14:22:00 -0700 (PDT) Complaints-To: groups-abuse@google.com Injection-Info: google-groups.googlegroups.com; posting-host=176.159.188.228; posting-account=RH7FIgkAAADgoq4tsvFSdesRMvVbbPfC NNTP-Posting-Host: 176.159.188.228 User-Agent: G2/1.0 MIME-Version: 1.0 Message-ID: <91ea72ba-a85c-4991-b38e-f5ee4b76287co@googlegroups.com> Subject: =?UTF-8?B?bGVzIMOpbMOpbWVudHM=?= From: Fend la bise Injection-Date: Tue, 14 Jul 2020 21:22:00 +0000 Content-Type: text/plain; charset="UTF-8" Content-Transfer-Encoding: quoted-printable Bytes: 3350 Lines: 30 Ce besoin de grands espaces me prend de plus en plus souvent. Un besoin fur= ieux de me sentir traverser par l'Univers en entier. Un besoin primaire, un= retour en une sorte d'animalit=C3=A9, une urgence tapie au fond de mes en= trailles. Ce d=C3=A9sir indescriptible de se mesurer aux choses, un vertige= de vivre, braver le froid, enjamber des Oc=C3=A9ans, gravir pics et cimes,= reste =C3=A0 savoir pourquoi . Je prends plaisir d=C3=A9licieux =C3=A0 sentir le vent iod=C3=A9 br=C3=BBle= r mes paupi=C3=A8res, chargeant des petits tas infimes, petits tas de sel, = si fins sur la surface de mes cils ; le poids t=C3=A9nu de la nature, me fr= otter aux roches de calcaire, chauffer ma peau nue sur les blocs de granit,= nature immuable, placide ... c'est un leurre ! L'=C3=A9nergie en mouvement= , parfois violente, le plus souvent imperceptible. Les =C3=A9l=C3=A9ments c= huchotent mais nous ne savons plus pr=C3=AAter l'oreille, alors, ils se reb= ellent parfois, et nous ne comprenons pas, nous sous sentons soudain si pet= its, mais =C3=A7a ne dure pas, et l'orgueil, et la folie, l'homme. Un jour que je nageais un peu plus au large que d'accoutum=C3=A9, je fus bi= ent=C3=B4t pris dans un courant marin d'assez forte puissance, je commen=C3= =A7ais dans un premier temps =C3=A0 paniquer l=C3=A9g=C3=A8rement et =C3=A0= forcer un peu sur mes mouvements plus t=C3=B4t lin=C3=A9aires et coul=C3= =A9s, bandant muscles en tirant sur les =C3=A9paules et les bras. Rien n'y = faisait, redoublant d'efforts je reculais encore ... Puis, je me calmais na= turellement cessant de lutter =C3=A0 contre courant, contre l'=C3=A9l=C3=A9= ment. Je tirais partis de la force en mouvement et nageais avec le courant = en prenant le risque de m'=C3=A9loigner plus encore de la c=C3=B4te. Quelques minutes pass=C3=A8rent, =C3=A0 glisser sans peine dans cette eau f= ilante, qui me portait , m'enveloppait de sa force, puis le courant cessait= subitement, ou bifurquait je ne sus ; je regagnais une plage =C3=A0 quelqu= es centaines de m=C3=A8tres de crawl. Mes muscles, mes tendons, ma peau, to= ut me br=C3=BBlait et pourtant, je ressentais une certaine pl=C3=A9nitude b= =C3=A9ate, une satisfaction et un plaisir =C3=A9norme, celui d'avoir un ins= tant communi=C3=A9 avec la force de la Nature.