Path: ...!news.mixmin.net!proxad.net!feeder1-2.proxad.net!cleanfeed2-a.proxad.net!nnrp1-1.free.fr!not-for-mail Newsgroups: fr.sci.maths X-Mozilla-News-Host: news://news.free.fr:119 From: Michel Talon Subject: Theoreme de Wedderburn Date: Mon, 13 Sep 2021 15:37:58 +0200 User-Agent: Mozilla/5.0 (X11; Linux x86_64; rv:78.0) Gecko/20100101 Thunderbird/78.13.0 MIME-Version: 1.0 Content-Type: text/plain; charset=utf-8; format=flowed Content-Language: fr Content-Transfer-Encoding: 8bit Lines: 62 Message-ID: <613f5436$0$8885$426a74cc@news.free.fr> Organization: Guest of ProXad - France NNTP-Posting-Date: 13 Sep 2021 15:37:58 CEST NNTP-Posting-Host: 88.161.173.7 X-Trace: 1631540278 news-2.free.fr 8885 88.161.173.7:22301 X-Complaints-To: abuse@proxad.net Bytes: 3787 Bonjour, pour changer des sujets débiles, je vous propose en une collection d'exercices la démonstration du théorème de Wedderburn: "tout corps fini est commutatif". Je suis tombé dessus en feuilletant mes vieilles notes de cours de Spé (professeur M. Bérard) qui l'avait donnée comme illustration du cours sur les espaces vectoriels. Ce théorème est souvent cité mais je ne vois pas sa démo dans les bouquins usuels, donc je trouve utile de la citer ici. Soit K un corps fini, supposé non commutatif et K* le groupe multiplicatif des éléments inversibles égal à K-0 et enfin Z le centre (éléments commutant à tout le monde, contenant 0). On commence comme pour le théorème de Sylow. 1) Pour s dans K* on considère g_s(x)=s^{-1}xs. C'est un automorphisme de corps et g_{st}=g_s°g_t. Le stabilisateur S_x de x, l'ensemble des s tels que g_s(x)=x est un sous groupe de K*, et l'orbite de x est en bijection avec K*/S_x. Enfin K* se décompose en une collection d'orbites disjointes. Noter que S_x union {0} est un corps contenant Z. Noter que Z contient au moins 0 et 1. 2) Si on a deux corps finis K et Z avec K contenant Z, K a une dimension finie n sur Z donc si q= card(Z) alors card(K)=q^n. Si on a trois corps K contenant S contenant Z alors si la dimension de S sur Z est d et celle de K sur S est d1 alors celle de K sur Z est n=d d1 et donc d divise n. 3) Déduire de 1 et 2 qu'on a une formule du type: (q^n-1) = (q-1)+ sum_d (q^n-1)/(q^d -1) où d court sur un certain nombre de diviseurs de n. Le premier terme correspond au centre le reste aux orbites non triviales. En fait une telle formule est impossible comme on va le voir. 4) Pour n donné considérons les racines primitives n èmes de 1 c'est à dire telles qu'élevées à une puissance moindre que n elles ne donnent pas 1, et formons le "polynôme cyclotomique" Q_n(x) = prod(x-a_j) où les a_j courent sur ces racines *primitives* Evidemment (q^n-1) est un produit de polynômes cyclotomiques Q_1(x)...Q_n(x) en fonction de l'ordre des racines qui apparaissent. Tous ces polynômes sont unitaires ( commencent en x^j+ ...) et donc se déduisent par récurrence par division euclidienne de polynomes unitaires. En déduire que pour tout n Q_n(x) est à coefficients entiers En particulier Q_n(q) est entier. 5) (q^n-1)/(q^d -1) est un produit de Q_j(q) contenant au moins Q_n(q). En déduire que Q_n(q) divise (q^n-1) et sum_d (q^n-1)/(q^d -1) et donc divise q-1. 6) Ceci est impossible car si Q_n(x) = prod(x-a_j) où les a_j sont sur le cercle trigonométrique alors que q est entier > 1 alors pour tout j on a |q-a_j| > [q-1| donc |Q_n(q)|> |q-1|^deg(Q_n). CQFD Le professeur Bérard était "super chargé" donc tout ça a du lui prendre 10 minutes .... à la fin de son cours. -- Michel Talon