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<li37evFaosoU1@mid.individual.net>

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Date: Wed, 14 Aug 2024 10:16:33 +0200
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Cela fait un peu plus de 20 ans que CBS News a publié les photographies 
édifiantes qui prouvaient que l’armée américaine commettait des crimes 
innommables contre les prisonniers irakiens de la prison d’Abou Ghraib.

Viols. Dégradations. Homicides. Tortures, tant psychologiques que 
physiques. Humiliations sexuelles.

Les révélations de la barbarie américaine ont été accueillies avec 
horreur dans le monde entier et ont joué un rôle majeur dans le 
retournement de l’opinion contre la guerre en Irak.

Ces derniers jours, il est devenu plus que clair que quelque chose de 
comparable à Abou Ghraib – et très probablement pire – se déroule dans 
les prisons israéliennes depuis le 7 octobre, lorsque la guerre contre 
Gaza a éclaté.

Cette semaine, des images vidéo effroyables ont fuité montrant des 
soldats israéliens agressant sexuellement un détenu palestinien, au 
moment même où un rapport du groupe israélien de défense des droits de 
l’homme B’Tselem mettait en évidence la politique de maltraitance et de 
torture systématiques des prisonniers menée par l’État depuis le début 
de la guerre.

La lecture du rapport, basé sur des entretiens avec 55 Palestiniens 
détenus depuis l’attaque menée par le Hamas contre le sud d’Israël le 7 
octobre, est bouleversante. Il fournit des preuves de traitements 
dégradants, de coups arbitraires et de privation de sommeil, ainsi que 
du « recours répété à la violence sexuelle, à divers degrés de gravité 
».

Fadi Baker, 25 ans, se souvient que les forces israéliennes « ont mis 
des cigarettes dans ma bouche et sur mon corps. Ils ont mis des pinces 
sur mes testicules qui étaient attachées à quelque chose de lourd. Cela 
a continué comme ça pendant une journée entière. Mes testicules ont 
gonflé et mon oreille gauche a saigné ».

Il a déclaré que les interrogateurs lui ont posé des questions sur les 
dirigeants du Hamas et des personnes qu’il ne connaissait pas, puis 
l’ont battu. « Ensuite, ils m’ont remis dans la pièce glaciale avec la 
musique disco à tue-tête et m’ont laissé là encore, nu, pendant deux 
jours. »

B’Tselem a titré son rapport : « Bienvenue en enfer. »

Normaliser le viol

Alors que les autorités israéliennes ont nié ces récits, cette analyse 
intervient quelques jours seulement après l’arrestation de neuf soldats 
en lien avec le viol d’un prisonnier palestinien dans le tristement 
célèbre centre de détention de Sde Teiman. La victime aurait subi une 
grave blessure à l’anus, une rupture de l’intestin, des lésions 
pulmonaires et des côtes cassées.

En outre, le mois dernier, le bureau des droits de l’homme des Nations 
Unies a publié un rapport faisant état d’abus choquants dans les 
installations et prisons militaires israéliennes, où au moins 53 
Palestiniens sont morts depuis le 7 octobre.

Comment les hommes politiques occidentaux ont-ils pu rester silencieux 
sur ces horreurs ? Où est l’indignation publique massive ?

Il semble que les dirigeants israéliens aient réussi dans leur campagne 
visant à normaliser le viol et d’autres abus contre les prisonniers 
palestiniens. Après l’arrestation des neuf soldats à Sde Teiman, les 
manifestants d’extrême-droite qui ont pris d’assaut le centre ont été 
rejoints par plusieurs membres de la Knesset. Le ministre de la Justice 
Yariv Levin a déclaré qu’il était « choqué de voir des images cruelles 
de soldats arrêtés », ajoutant que c’était « impossible à accepter ».

Le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir est allé encore 
plus loin : « Je recommande au ministre de la Défense, au chef [de 
l’armée israélienne] et aux autorités militaires de (…) tirer les 
leçons de l’administration pénitentiaire : le traitement léger des 
terroristes est terminé. Les soldats doivent avoir notre soutien total. 
»

Le ministre de l’Énergie Eli Cohen a également apporté son soutien sans 
réserve aux « réservistes qui font un travail sacré et gardent les 
méprisables terroristes du Hamas », ajoutant : « Nous devrions tous les 
prendre dans nos bras pour les saluer, certainement pas les interroger 
et les humilier. »

Les arrestations pourraient n’avoir pour véritable objectif que de 
simplement donner l’illusion qu’Israël prend des mesures en interne 
contre de telles horreurs, dans le but d’éviter des procès 
internationaux pour crimes de guerre à La Haye. Selon un récent article 
de Ynet, de hauts responsables juridiques israéliens ont déclaré : « Il 
vaut mieux que nous enquêtions. Les enquêtes internes épargnent des 
enquêtes externes internationales. »

Dans un article paru dans Haaretz à la fin du mois dernier, la 
professeure de droit Orit Kamir faisait référence à une loi adoptée il 
y a un an pour alourdir les peines dans les cas d’agressions sexuelles 
de femmes juives par des Palestiniens. Un an plus tard, certains 
membres de l’establishment israélien « ne se satisfont plus de doubler 
les peines (…). L’amendement à la loi de l’État d’il y a un an n’était 
qu’une étape préliminaire, à l’époque ils avaient encore quelques 
hésitations et réserves », écrit-elle. « Maintenant, ça en est fini des 
scrupules, ils renoncent complètement à l’État de droit du pays et 
exigent l’application de l’ancienne loi de la vengeance : œil pour œil 
et viol pour viol. Ceux qui ont été arrêtés par l’armée israélienne en 
tant que suspects en lien avec les atrocités du 7 octobre doivent, 
selon eux, être violés en détention par des soldats israéliens juifs. »

De tels abus deviennent monnaie courante. Les preuves sont nombreuses. 
Où est la condamnation mondiale générale ?

Complicité occidentale

Les témoignages cités par B’Tselem concordent avec de nombreux autres 
rapports qui ont filtré des prisons israéliennes au cours des 10 
derniers mois.

Il y a quatre semaines, nous avons interviewé Muazzaz Abayat sur son 
lit d’hôpital à Bethléem après sa sortie de prison, après neuf mois de 
détention administrative. Abayat, qui avait perdu plus de la moitié de 
son poids en prison, nous a dit que tout au long de son incarcération, 
il avait été battu, maltraité, torturé, affamé et privé d’eau.

Il a déclaré que son cas n’était pas exceptionnel – tous les autres 
prisonniers palestiniens subissent le même traitement. Sa souffrance 
inimaginable était gravée sur son visage. Abayat a comparé la prison du 
Néguev où il avait été détenu aux tristement célèbres installations 
américaines de Guantanamo Bay et d’Abou Ghraib.

Il n’a jamais été inculpé d’aucun crime. L’air terrifié, il nous a 
confié qu’il ne croyait pas que « des gens pacifiques sans pouvoir 
pouvaient être affamés, torturés et tués » au XXIe siècle, sans 
protection, sans représentation juridique et sans indignation 
internationale.

Il n’y a toujours pas de tollé international. Incroyablement, il n’y a 
même pas eu de commentaire. Malgré le tsunami de preuves de ces 
derniers jours, il n’y a eu aucun commentaire de la part des dirigeants 
occidentaux. Rien du président américain Joe Biden ou de sa 
vice-présidente, Kamala Harris. Silence de Keir Starmer, le Premier 
ministre britannique qui a apporté tout son poids à la politique de 
punition collective d’Israël à Gaza.

Nous n’avons pas non plus entendu parler de l’ancien Premier ministre, 
Rishi Sunak, qui avait auparavant promis au Premier ministre israélien 
Benjamin Netanyahu un soutien « sans équivoque ». Les médias 
britanniques – à l’exception honorable de The Guardian, qui a donné une 
couverture complète du rapport de B’Tselem – sont restés largement 
silencieux.

Cette omerta collective des politiciens et des médias sur la conduite 
monstrueuse d’Israël est difficile à comprendre, étant donné que nous 
parlons de crimes de guerre systématiques commis à une échelle 
effroyable par un pays déjà sous enquête à la Cour internationale de 
justice pour génocide potentiel.

Leur silence équivaut à de la complicité. Quant à Israël, la majorité 
des classes politiques et médiatiques ne semblent pas penser qu’il y a 
grand-chose de mal dans la torture et les mauvais traitements infligés 
aux prisonniers, certains ministres défendant activement les auteurs de 
ces sévices.

Lors d’un récent débat télévisé, l’un des intervenants a suggéré qu’il 
devrait être légal d’utiliser le viol comme forme de torture. Dans 
n’importe quel autre pays, des commentaires aussi ignobles feraient la 
une des journaux.

Ce sont les signes d’une société très malade en effet – une société qui 
a franchi une barrière invisible vers la sauvagerie. Il n’y a pas de 
lignes rouges, pas de respect du droit international et pas de 
responsabilité. Le silence de l’Occident montre que nous aussi sommes 
entrés dans le même univers cauchemardesque que Ben Gvir et Netanyahou

Lubna Masarwa, Peter Oborne, 9 août 2024

Article original en anglais sur Middle East Eye./Traduction ISM
https://www-middleeasteye-net.translate.goog/opinion/war-gaza-israel-has-created-its-own-abu-ghraib-and-world-silent?_x_tr_sl=auto&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr

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Asselineau émouvant face à Léa salamé 
https://youtube.com/shorts/-0w-x_bdW8s?si=Mm2q9EfF2im3bMjl