Deutsch   English   Français   Italiano  
<m9dn7nFtiU1@mid.individual.net>

View for Bookmarking (what is this?)
Look up another Usenet article

Path: news.eternal-september.org!eternal-september.org!feeder3.eternal-september.org!fu-berlin.de!uni-berlin.de!individual.net!not-for-mail
From: Buk <Buk@kub.hu>
Newsgroups: fr.soc.politique
Subject: Re: Vendeur de frites en F16, mais les chinois ont des drones de 15 tonnes
Date: Sat, 24 May 2025 13:01:13 +0200
Lines: 85
Message-ID: <m9dn7nFtiU1@mid.individual.net>
References: <100pram$1vho$10@dont-email.me> <m9bg1hFjna1U1@mid.individual.net>
Mime-Version: 1.0
Content-Type: text/plain; charset="utf-8"; format=flowed
Content-Transfer-Encoding: 8bit
X-Trace: individual.net PEmHGB7LAR7ukCGsLQx+DgwDRqekQKlJOiyn0gDBA5ea1/4ylf
Cancel-Lock: sha1:J1BjAfPDuVFw4UczN5i6+ROg0B0= sha256:OHbVRGyG+4ohDhFPWk1NgavdGXdqnu9oySpmcioh0cs=
X-Newsreader: MesNews/1.08.06.00

Calamity Jade a exposé le 23.05.2025 :
> "Laika (Fe Dhc Ph.D)" <laika@not-for-mail.invalid> a écrit dans le message de 
> groupe de discussion : 100pram$1vho$10@dont-email.me...
>> Pendant que Mara drogue des chats (wokes),
>
> Fakenews!

La Politique
Voici un des termes centraux du fonctionnement dit « démocratique », 
constamment utilisé sans que l’on s’interroge sur sa signification 
réelle et pourtant investi d’une multiplicité de sens souvent 
radicalement antinomiques. Quelle est, par exemple, sa parenté de 
contenu selon qu’il est employé par un militant sincère d’un grand 
parti, un jeune idéaliste indigné, un politicien roué en début ou fin 
de carrière, ou bien un politologue médiatique patenté ? En fait aucune 
! Le premier s’en sert pour décrire les stratégies et les actions (dont 
son rôle) qui amèneront peut-être « son candidat » à la « victoire », 
le second pour qualifier les discussions et débats enflammés qu’il vit 
passionnément avec ses congénères, le troisième ne l’utilise que pour 
protéger et promouvoir ses intérêts carriéristes (il « fait » de la 
politique !) et enfin le dernier en donne une version policée et 
consensuelle, cataplasme de légitimité à l’usage des populations 
anesthésiées.
D’ailleurs, le mot, étymologiquement, est bien loin d’être précis. Il 
est emprunté au latin Politicus, « relatif au gouvernement des hommes 
», lui-même pris au grec politikos « qui concerne les citoyens, l’état 
» d’où « habile dans les affaires publiques », également « qui à la 
faveur de ces concitoyens » et, plus étonnement « capable de vivre en 
société ». Politikos vient de politês « de la cité, de l’état », 
substantivé (politeia) pour désigner le citoyen et, par extension 
l’ensemble des citoyens » et, in fine, « constitution républicaine ou 
démocratique » (il a d’ailleurs nommé, sous Cicéron, « La République » 
de Platon). Politês est lui-même dérivé de Polis « la cité » mais qui a 
d’abord désigné « la forteresse, où se trouvent les sanctuaires, au 
coeur et en haut de la ville ». Il est remarquable de constater que 
l’on retrouve bien dans cet éventail de sens ceux que j’ai exposés en 
amont et qu’ainsi il n’y a rien de bien neuf dans son utilisation 
contemporaine.
La confusion est originelle…
On y découvre également la confirmation que « politique » et « citoyens 
» sont étymologiquement fondamentalement imbriqués d’autant que « cité 
», issu du latin civitas a eu le sens abstrait de condition de citoyen 
« droit de cité »; par métonymie il s’est appliqué à « l’ensemble des 
citoyens » et par la suite, « au siège d’un gouvernement ». Il a ainsi 
désigné la ville en tant que « corps politique ».
Par contre ce qui est susceptible de nous éclairer c’est sa dernière 
définition relative à un lieu sacré et militarisé. Elle permet 
d’attribuer au mot politique deux axes sémantiques bien distincts, 
complémentaires mais aussi contradictoires, et pourtant totalement 
enchevêtrés.
Le premier, et plus ancien, qui représente le pouvoir absolu, 
sanctuarisé et inaccessible, mais au coeur intime de la configuration 
sociale. Ce que l’on retrouve de nos jours par exemple en France avec 
la survivance inébranlable du Palais de l’Elysée et de ses rituels 
monarchiques, en plein centre de Paris-Capitale, symbolique déni de 
toute réalité démocratique !
Le second, lorsqu’il qualifie l’action revendicatrice et solidaire 
d’une population, exprime l’espoir d’une capacité humaine à orienter 
consciemment son évolution et la formidable et émouvante idée de 
progrès social. Mais à notre époque, cette dualité équivoque 
déconsidère l’ensemble du « champ » politique et la confusion qui en 
résulte ne peut que produire une société désespérée. La cauchemardesque 
« mascarade » électorale de ce printemps 2012 en France en est la 
dernière manifestation en cours ; elle nous plonge dans des abîmes de 
lassitude, finissant par annihiler toute capacité de révolte, submergés 
que nous sommes par ce flot ininterrompu de futilité et de démagogie, 
de contrevérités et d’ endoctrinement ….Il serait sans doute opportun 
de comptabiliser le nombre de personnes fermant brutalement, qui leur 
radio, qui leur télé, pour échapper un moment ou définitivement à cet 
hébétement organisé !
La Politique devrait être le centre vital et dynamique de notre 
évolution sociale, un espace d’intelligence de nos contradictions d’où 
pourrait naître une réelle espérance de justice, de solidarité et de 
paix, un lieu de fédération des énergies affranchies de la dictature de 
l’égo (ce que Kant appelait « le moi pathologique »), enfin la 
véritable et sincère tentative d’appliquer la devise tant bafouée : 
Liberté, Egalité, Fraternité !
Elle ne peut revêtir ce sens que par l’instauration parallèle de 
principes décisionnels réellement démocratiques, organisation sociale 
où chaque « personne » est investie d’une véritable responsabilité 
citoyenne, pour lui-même et pour la collectivité, devenant ainsi 
l’acteur majeur du devenir de « La Cité ».

Le 15 mars 2012
Singulier.eu