Deutsch   English   Français   Italiano  
<rrsxlp8FMX6SRGOsvuScToFum30@jntp>

View for Bookmarking (what is this?)
Look up another Usenet article

Path: ...!2.eu.feeder.erje.net!feeder.erje.net!fdn.fr!usenet-fr.net!pasdenom.info!from-devjntp
Message-ID: <rrsxlp8FMX6SRGOsvuScToFum30@jntp>
JNTP-Route: news2.nemoweb.net
JNTP-DataType: Article
Subject: =?UTF-8?Q?=C2=AB=20Il=20faut=20faire=20notre=20deuil=20du=20climat=20du?= 
 =?UTF-8?Q?=20pass=C3=A9=20=C2=BB?=
Newsgroups: fr.soc.environnement
JNTP-HashClient: iwrigR4kU03L5tQjL5uVFDw9Xyc
JNTP-ThreadID: 0pGNwZUg5UPIn9yP8NoDLcaNmow
JNTP-Uri: http://news2.nemoweb.net/?DataID=rrsxlp8FMX6SRGOsvuScToFum30@jntp
User-Agent: Nemo/0.999a
JNTP-OriginServer: news2.nemoweb.net
Date: Tue, 16 Jul 24 16:16:15 +0000
Organization: Nemoweb
JNTP-Browser: Mozilla/5.0 (Windows NT 10.0; Win64; x64) AppleWebKit/537.36 (KHTML, like Gecko) Chrome/109.0.0.0 Safari/537.36
Injection-Info: news2.nemoweb.net; posting-host="ab468a51203cd2d3dc3b0042914ac23f768c605d"; logging-data="2024-07-16T16:16:15Z/8951094"; posting-account="235@news2.nemoweb.net"; mail-complaints-to="julien.arlandis@gmail.com"
JNTP-ProtocolVersion: 0.21.1
JNTP-Server: PhpNemoServer/0.94.5
MIME-Version: 1.0
Content-Type: text/plain; charset=UTF-8; format=flowed
Content-Transfer-Encoding: 8bit
X-JNTP-JsonNewsGateway: 0.96
From: Canta Galet <Pancho42@free.fr>
Bytes: 8164
Lines: 121



La climatologue suisse Sonia Seneviratne remarque, dans un entretien au « 
Monde », une forme de banalisation face aux événements extrêmes. Elle 
redoute le franchissement de points de bascule aux conséquences 
imprévisibles.

Canicule aux Etats-Unis, incendies en Russie, pluies torrentielles en 
Chine… La climatologue suisse Sonia Seneviratne, professeure à 
l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich et vice-présidente du groupe 
de travail 1 du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution 
du climat (GIEC), revient sur les multiples événements extrêmes qui 
frappent actuellement la planète.



Le dérèglement climatique est-il l’unique responsable de toutes les 
catastrophes qui se multiplient en 2024 ?

Ce qui est frappant, c’est que tout cela survient alors que l’on est 
globalement sorti de la phase d’El Niño [un réchauffement du 
Pacifique équatorial qui tire les températures mondiales à la hausse]. 
C’est donc bien majoritairement les effets du changement climatique, 
lié aux activités humaines, qui se matérialisent sous nos yeux de 
manière dramatique. La planète s’est réchauffée de 1,2 °C comparé 
à l’ère préindustrielle, entraînant des canicules plus nombreuses, 
longues et intenses. Un air plus chaud augmente l’évaporation des sols, 
aggravant les sécheresses. Mais, dans le même temps, il peut contenir 
plus d’humidité, ce qui accroît les précipitations extrêmes. Avec le 
réchauffement, les cyclones tropicaux ont tendance à devenir plus 
intenses et à entraîner plus de pluies, comme on l’a vu avec Beryl.


Est-ce une nouvelle normalité ?

Pas vraiment, car si l’on ne réduit pas immédiatement les émissions 
de gaz à effet de serre, la situation va encore empirer. Des vagues de 
chaleur qui avaient lieu une fois tous les dix ans à l’ère 
préindustrielle ont lieu trois fois tous les dix ans avec 1 °C de 
réchauffement global. Elles auront lieu quatre fois tous les dix ans 
avec un réchauffement de 1,5 °C et neuf fois avec + 4 °C. A 
+ 2 °C, les précipitations seront en moyenne 70 % plus fréquentes 
sur les continents et, à + 4 °C, 170 %.

Le dérèglement climatique n’est pas une crise passagère. Dans le 
meilleur des cas, si l’on parvenait à réduire à zéro les émissions 
nettes de gaz à effet de serre, on pourrait stabiliser la température. 
On connaîtrait alors des canicules, des précipitations extrêmes ou des 
sécheresses aussi fréquentes et intenses qu’aujourd’hui. Dans le 
pire des cas, on subira des événements sans commune mesure avec ceux 
actuels, avec un système climatique encore plus instable et le risque 
d’atteindre des points de bascule globaux ou régionaux. De toute 
façon, nous ne reviendrons plus au climat du XXe siècle. C’est 
différent de la crise liée au Covid-19, où l’on a trouvé un vaccin 
et l’on est retourné à la normale. Il faut faire notre deuil du climat 
du passé.


Nous risquons donc de franchir des points de non-retour…

La température moyenne du globe est sans précédent depuis plus de cent 
mille ans. Nous sommes en terre inconnue, dans des conditions de plus en 
plus difficiles à évaluer faute de précédents. Dans ce régime 
incertain, nous pourrions franchir prochainement des points de bascule 
régionaux, avec des changements abrupts, comme la disparition des 
calottes glaciaires du Groenland et de l’Antarctique de l’Ouest, le 
dégel du pergélisol [les sols gelés en permanence], l’extinction des 
coraux ou l’effondrement de la forêt amazonienne. Cela dit, il reste de 
fortes incertitudes sur les niveaux de réchauffement qui pourraient 
déclencher ces ruptures. Les modèles climatiques ont du mal à les 
représenter.

Pourra-t-on encore faire face à ce réchauffement ?

On commence déjà à atteindre des limites à l’adaptation. En 2022, en 
Europe, 60 000 personnes sont mortes de la canicule. Dans les années à 
venir, certaines régions vont être touchées tellement fréquemment par 
des événements extrêmes que la question va se poser de continuer à y 
vivre. A long terme, certaines petites îles seront rayées de la carte si 
le réchauffement ne peut pas être contenu dans les limites fixées par 
l’accord de Paris.

Un réchauffement de 2 °C [que l’on devrait atteindre dans les 
années 2050 au rythme actuel des émissions] entraînerait des risques 
majeurs et en cascade pour la société humaine : il pourrait provoquer 
une diminution de la production agricole globale, entraînant des 
pénuries alimentaires à l’échelle mondiale et une hausse des prix de 
la nourriture. On en a déjà eu un aperçu après la sévère canicule en 
Russie en 2010. Le pays avait stoppé ses exportations de blé, 
provoquant une envolée des prix, l’un des facteurs qui ont contribué 
aux « printemps arabes ». Avec + 2 °C, il y a un risque que toutes 
les régions agricoles du monde soient touchées simultanément, ce 
qui pourrait déclencher des points de bascule dans la société en plus 
des points de bascule du système climatique.

La population a-t-elle pris la mesure de la gravité de la situation ?

En Europe, la majorité de la population ne nie pas le changement 
climatique, mais a tendance à sous-estimer ses impacts. Il y a une forme 
de banalisation, de lassitude, face aux événements extrêmes quand ils 
touchent les autres, qui se transforment en stupeur lorsque les impacts 
ont lieu chez soi. C’est malheureux, mais la majorité de la population 
et des politiciens semble avoir besoin de voir de leurs propres yeux les 
dégâts du dérèglement climatique pour y croire vraiment.

La réponse politique est-elle à la hauteur de l’urgence ?

Pour garder une chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C, les 
émissions de CO2, qui sont provoquées à 90 % par les énergies 
fossiles, c’est-à-dire le pétrole, le gaz et le charbon, devraient 
atteindre un maximum, au plus tard en 2024, et commencer à diminuer 
en 2025. On n’en prend pas le chemin. Les mesures nécessaires ne sont 
pas populaires. Il faudrait limiter la consommation d’essence pour les 
voitures et accompagner cette transition pour les plus précaires, 
développer les énergies renouvelables, diminuer les chauffages au gaz et 
au fioul, réduire les voyages en avion et encourager ceux en train. Le 
pacte vert avait, par exemple, marqué des avancées, mais certains pays 
européens sont revenus dessus. C’est regrettable.

https://www.lemonde.fr/planete/article/2024/07/16/sonia-seneviratne-scientifique-du-giec-il-faut-faire-notre-deuil-du-climat-du-passe_6250872_3244.html