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From: Paul & Mick Victor <b.suisseVotreculotte@gmail.com>
Newsgroups: fr.rec.arts.musique.classique
Subject: Des mots, des notes. C. comme Critique
Date: Tue, 10 Oct 2023 15:29:42 +0700
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Lines: 51

[C. comme Critique] :

"Le concert avait débuté par l'Ouverture de Benvenuto Cellini – 
ouverture aux thèmes médiocres, de forme baroque et de sonorité 
vulgaire, que le public a d'ailleurs froidement accueillie."

Gabriel Fauré in : Le Figaro, rubrique "Concert", 21 novembre 1904, p. 
5.

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[Milan] Grand-Hôtel et de Milan 24 novembre 1904

Mon cher Gabriel

Tu n’aimes pas Berlioz, il n’y a rien à faire à cela ; mais tu 
l’exprimes d’une façon violente qui peut te faire du tort et c’est pour 
cela que je me permets encore de t’en parler. Tu dois avoir la juste 
prétention de faire de la haute critique, de t’élever au-dessus du 
vulgaire en ce genre comme tu l’es dans d’autres. Or, pour faire de la 
haute critique, il faut savoir apprécier ce qu’on n’aime pas. Haendel 
trouvait Gluck moins musicien que son cuisinier : il ne voyait que son 
insuffisance d’écriture, il ne voyait ni sa couleur, ni sa puissance 
dramatique. Ce n’est pas ainsi qu’un critique doit juger.
Les défauts de Berlioz crèvent des yeux ; il les rachète par la 
grandeur du caractère, par la personnalité, par l’étonnante création de 
l’instrumentation moderne. Voilà ce qu’il ne faut jamais oublier. 
Est-ce qu’on parle jamais des vulgarités et des platitudes qu’il y a 
dans Tannhäuser et dans Lohengrin ? L’Ouverture de Benvenuto n’est pas 
des plus agréables, et l’auteur lui-même ne l’a pas trouvée suffisante, 
puisqu’il en a écrit une autre, bien supérieure. Mais il me semble que 
le thème du Cardinal n’est pas si vulgaire.
Quoi qu’il en soit, cette Ouverture a un mérite, celui de nous montrer 
dans la péroraison un procédé que Wagner s’est approprié depuis : un 
chant exécuté par les trombones à l’unisson et accompagné d’un trait 
persistant des violons. Cela mérite qu’on en parle avec une certaine 
déférence.
Enfin s’il faut tout dire, nous n’avons pas tant de grands 
compositeurs ; laissons aux autres le soin de les débiner. Eux n’ont 
garde de débiner les leurs : ils ne parlent jamais que de leurs 
qualités.
Dixi. Pardonne-moi mes soins tyranniques, fruits amers de mon incurable 
affection et présente à ta famille mes plus tendres souvenirs.

C. Saint-Saëns.

Gabriel Fauré : Correspondance, suivie de Lettres à Madame H., 
recueillies, présentées et annotées par Jean-Michel Nectoux. Fayard, 
2015.
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Paul & Mick Victor
Le sixième saëns