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Subject: Re: LE ROMANTISME
From: Ad Musicam <compteadmusicam@gmail.com>
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Lines: 104

Je souffre, donc j'aime et j'existe >


"Celui qui regarde la nuit de la mort avec amour,
Celui qui se fie =C3=A0 son myst=C3=A8re profond,
Voit devant lui dispers=C3=A9s,
Comme de st=C3=A9riles poussi=C3=A8res de soleil,
Les mensonges du jour, ses honneurs,
Son pouvoir et ses richesses, si =C3=A9clatants qu=E2=80=99ils soient !
Dans les vaines illusions du jour,
Il lui reste un seul d=C3=A9sir,
Le d=C3=A9sir de la nuit sacr=C3=A9e
O=C3=B9 =C3=A0 tout jamais, unique v=C3=A9rit=C3=A9,
Le plaisir de l=E2=80=99amour lui sourit."

Tristan attire doucement Isolde =C3=A0 ses c=C3=B4t=C3=A9s sur un banc=20
de fleurs, s=E2=80=99agenouille devant elle et enfouit sa t=C3=AAte=20
entre ses bras.
[...]

BRANGAINE (du chemin de ronde, invisible)=20
Je veille, solitaire dans la nuit,
Que celui =C3=A0 qui le r=C3=AAve d=E2=80=99amour sourit,
Prenne garde =C3=A0 l=E2=80=99appel,
Qui annonce le malheur =C3=A0 ceux qui dorment,
Et les appelle, angoiss=C3=A9, =C3=A0 s=E2=80=99=C3=A9veiller.
Prenez garde ! Prenez garde !
La nuit bient=C3=B4t va se dissiper.

[...]

MARKE
Tu as fait mon c=C5=93ur plus sensible =C3=A0 la souffrance,
J=E2=80=99ai =C3=A9t=C3=A9 touch=C3=A9 au plus tendre, au plus doux, au plu=
s vuln=C3=A9rable,
Sans jamais esp=C3=A9rer=20
Pouvoir gu=C3=A9rir un jour :
Pourquoi, malheureux,
Me blesser l=C3=A0, si cruellement ?
Les sens et l=E2=80=99=C3=A2me mutil=C3=A9s et br=C3=BBl=C3=A9s
Par l=E2=80=99arme d=E2=80=99un poison d=C3=A9vorant,
Me fermant toute loyaut=C3=A9 envers l=E2=80=99ami,
Mon c=C5=93ur =C3=A0 nu se remplit de soup=C3=A7on,
Et dans la nuit sombre, en secret je me glisse=20
Pour =C3=A9pier l=E2=80=99ami=20
Et toucher =C3=A0 la fin de mon honneur.
Pourquoi cet enfer dont aucun ciel=20
Ne peut me sauver ?
Pourquoi cette honte
Qu=E2=80=99aucune peine ne peut expier ?
La raison profonde, secr=C3=A8te, insondable,
Qui la r=C3=A9v=C3=A9lera au monde ?

[...]
Tristan
=C3=87a, je ne puis te le dire.
J=E2=80=99=C3=A9tais o=C3=B9 toujours j=E2=80=99ai =C3=A9t=C3=A9,
Et o=C3=B9 pour toujours je vais aller ;
Dans le vaste royaume de la nuit.
L=C3=A0-bas, une seule foi est la n=C3=B4tre :
L=E2=80=99oubli, premier, =C3=A9ternel et divin !
Comment en ai-je perdu la conscience ?
Avertissement du d=C3=A9sir,
Dois-je te nommer ainsi, qui m=E2=80=99attire
=C3=80 nouveau vers la lumi=C3=A8re du jour ?
Tout ce qui m=E2=80=99est rest=C3=A9,
Un amour fervent, un amour br=C3=BBlant,
M=E2=80=99a banni des d=C3=A9lices frissonnants de la mort
Pour me montrer la lumi=C3=A8re,
Trompeuse, brillante et dor=C3=A9e,
Qui brille encore pour toi, Isolde !

[...]
ISOLDE
Suis-je seule =C3=A0 entendre cette m=C3=A9lodie
Sortant de sa bouche, merveilleuse, douce,
D=C3=A9licieuse et plaintive et qui exprime tout,=20
Douce, apaisante, prenant son envol,
Me p=C3=A9n=C3=A9trant et me baignant=20
De son chant sublime ?
Sons lumineux qui m=E2=80=99emportent,=20
Sont-ce les ondes d=E2=80=99une douce brise ?
Sont-ce des vagues de parfums d=C3=A9licieux ?
Comme elles gonflent et murmurent autour de moi,
Dois-je respirer, dois =C3=A9couter ?
Faut-il savourer, faut-il plonger ?
Dois-je me griser de parfums d=C3=A9licieux ?
Dans le flot qui monte, dans le son qui vibre,
Dans la grande respiration du souffle du monde
Me noyer, m=E2=80=99engloutir,
Sans conscience =E2=80=93=20
Extase !

[...]
MARKE
Tout est donc mort ! Tout est mort !
Mon h=C3=A9ros, mon Tristan !
Ami le plus aim=C3=A9,
M=C3=AAme aujourd=E2=80=99hui il te faut trahir l=E2=80=99ami ?
Aujourd=E2=80=99hui, o=C3=B9 il vient te t=C3=A9moigner la plus grande fid=
=C3=A9lit=C3=A9 ?
R=C3=A9veille-toi ! R=C3=A9veille-toi !
=C3=80 mes pleurs r=C3=A9veille-toi !
(Il se penche sur le corps en sanglotant.)
Toi, l=E2=80=99infid=C3=A8le, l=E2=80=99ami le plus fid=C3=A8le !