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"La centrale nucléaire la plus dangereuse est celle que l’on ne 
construit pas"
Tribune
Par Isabelle Boemeke , Zion Lights et Myrto Tripathi

Publié le 13/08/2021 à 14:30


Zion Lights est une activiste écologiste, communicante scientifique 
britannique et ancienne porte-parole du mouvement Extinction­ Rebellion. 
Isabelle Boemeke est influenceuse pro-nucléaire tandis que Myrto 
Tripathi, ingénieure française, préside l’ONG « Les Voix du nucléaire ». 
Dans une tribune, ces trois activistes mêlent – au lieu d'opposer – 
l’atome et les énergies vertes.

La crise climatique actuelle n’aura échappé à personne. Dans le même 
temps, la pollution atmosphérique liée aux combustibles fossiles tue 
plus de 8 millions de personnes par an. Ces décès sont entièrement 
évitables. Dans ce contexte, l’énergie nucléaire offre des avantages 
considérables. Elle contribue à la stabilité de la transition 
énergétique, à l'amélioration de la qualité de l'air, à la création 
d'emplois non délocalisables et à la production non-intermittente d'une 
électricité verte à bas coût dans des centrales qui ont une durée de vie 
assez longue : jusqu’à 80 ans dans les bonnes conditions de sécurité.

Le nucléaire n’est bien sûr pas la seule solution pour lutter contre le 
changement climatique et la pollution de l’air. Nous croyons en une 
cohabitation avec une part croissante de renouvelables à mesure que les 
technologies qui les portent se développent. Toutes les solutions bas 
carbone ont un rôle à jouer dans la construction d’un monde plus 
vertueux. Ce qui nous pousse à ce plaidoyer en faveur du nucléaire est 
que cette source pourtant propre, bon marché, sûre et durable est trop 
souvent écartée en vertu d’arguments totalement fallacieux.
Triomphe de la désinformation

Il existe un véritable tabou autour de l’atome, qui rend toute 
discussion factuelle sur ses mérites et défauts impossible. Il n'y a 
malheureusement aujourd’hui pas d'industrie donnant lieu à plus de 
fausses informations et de croyances erronées. À titre d’exemple, en 
France, près de 86 % des 18-34 ans pensent que cette technologie à un 
impact néfaste sur le climat. Il s’agit pourtant de la seconde énergie 
la moins émettrice de CO2 après les barrages hydrauliques – et devant le 
solaire et l’éolien.

À LIRE AUSSI : "Le nucléaire a toute sa place dans un mix énergétique 
décarboné"

Cette tendance est encore plus marquée chez les femmes, qui sont deux 
fois plus nombreuses à penser que le nucléaire contribue à la production 
de gaz à effet de serre. Cela peut s’expliquer par le fait que nous 
sommes traditionnellement plus engagées dans la lutte pour préserver 
l’environnement, notamment via l’écoféminisme né dans les années 1970, 
mais aussi par notre association traditionnelle à des figures de « 
care-giver ».

Après le déni du changement climatique, nous déplorons une sorte de « 
déni nucléaire ». Il est largement dû à sa perception trop « technique 
», alors qu’il ne l’est pas plus que les autres technologies que nous 
utilisons tous les jours, telles que les voitures, les avions, les 
ordinateurs ou les smartphones. Le nucléaire est mal expliqué, donc 
incompris, ce qui laisse libre cours aux clivages et à la désinformation.

Le mouvement écologiste a été extrêmement efficace pour communiquer un 
sentiment antinucléaire et pour associer cette énergie aux armes et 
accidents nucléaires - une connexion aussi ténue qu’anachronique. Aussi, 
pour beaucoup, être impliqué dans l'écologie revient à être 
antinucléaire par principe. Ironiquement, la plupart des mouvements 
écologistes actuels, qui demandent à nos dirigeants d’écouter les 
scientifiques sur le climat, se gardent bien d’en faire autant à propos 
des atouts de nos centrales.
Derrière l’image, une catastrophe écologique

Cette croisade a un effet terrible. L’atome est frappé par une sorte de 
stigmate social et le défendre est mal vu. En coulisses, la plupart des 
experts et des chercheurs le reconnaissent volontiers : « le nucléaire 
est indispensable et nous devrions l'utiliser ». Mais ils ne le diront 
pas publiquement.

Cela nuit au développement de la filière : qui va étudier l'ingénierie 
nucléaire si tout ce que vous entendez en grandissant est qu'il s'agit 
d'une technologie polluante, dangereuse et sans lendemain ? Imaginez le 
nombre de cerveaux qui aurait pu continuer à porter l'industrie 
nucléaire si elle était considérée comme un élément positif pour le 
monde. Nous voulons porter la voix de la majorité silencieuse qui 
soutient le nucléaire, de sorte qu’on lui accorde sa « licence sociale ».

Chaque fois qu’une centrale ferme, les gouvernements assurent qu'elle 
sera remplacée par des énergies renouvelables. Ce n'est malheureusement 
jamais le cas, et les conséquences sont très réelles : une récente étude 
(1) indique que la fermeture de la centrale californienne de Diablo 
entraînerait 15,5 millions de tonnes d'émissions de CO2 supplémentaires 
au cours de la prochaine décennie. C'est comme si 300 000 voitures à 
essence roulaient pendant dix ans. Et ce, pour des raisons purement 
idéologiques.
L’enjeu de la taxonomie verte

La même chose pourrait se produire en Europe avec les débats sur la 
taxonomie verte : la Commission européenne est en train de mettre en 
place les règles définissant quelle technologie est verte et laquelle ne 
l'est pas. Cela déterminera l’allocation d’aides au développement des 
filières et affectera le choix des investisseurs publics et privés, ce 
qui aura des conséquences immenses pour la recherche et l’innovation.

Plusieurs pays font pression pour exclure le nucléaire de cette 
taxonomie, ce qui reviendrait de fait à exclure progressivement le 
nucléaire du mix énergétique européen. Une attaque directe au 
porte-monnaie qui bloquerait la construction de nouvelles centrales 
ainsi que le développement des nouvelles technologies permettant de 
dépasser les faiblesses actuelles du secteur. Le projet Astrid, qui 
devait permettre de réutiliser les déchets nucléaires comme carburant, a 
ainsi été suspendu…
Non au nucléaire et oui au gaz fossile

L’exclusion du nucléaire de cette taxonomie serait un non-sens total. 
D’autant plus quand on sait que près des trois quarts des émissions 
humaines proviennent de la consommation d'énergie Dans le même temps, 
les mêmes qui s’opposent au nucléaire militent pour que le gaz – une 
énergie fossile, donc – soit inclus dans cette taxonomie, alors que 
celui-ci génère près de 80 fois plus de CO2 ou équivalent par 
kilowattheure d’énergie produite.

La question ne devrait pas être « le nucléaire est-il une solution ? », 
mais bien « de combien de nucléaire avons-nous besoin pour verdir nos 
pays ? ». Mais aujourd’hui, le débat est monopolisé par les arguments 
trompeurs de militants antinucléaires – un peu comme si on n’écoutait 
que des antivax pour trouver des solutions possibles au Covid-19 ou des 
platistes pour déterminer la forme de la Terre.

Notre constat, bien au contraire, est que, compte tenu de l’urgence 
climatique, nous avons besoin d’énergie décarbonée, et le nucléaire est 
une source incontournable. En conséquence, il faut construire plus de 
réacteurs, pas moins – et ce, de toute urgence. Aujourd’hui, la centrale 
nucléaire la plus dangereuse, c’est celle qu’on ne construit pas. De 
nombreuses femmes l’ont compris et sont à l’avant-garde d’un élan 
pronucléaire, loin des clichés. Espérons que nous puissions inspirer les 
Greta Thumberg de ce monde, qui écartent aujourd’hui le nucléaire pour 
de mauvaises raisons.

(1) Le Joint Research Center a rendu le 26 mars 2021 un rapport à la 
Commission européenne affirmant que le nucléaire peut être qualifié 
d’énergie verte.