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Encore un très bon article de Sylvestre Huet.

Je ne peux que conseiller d'aller sur le site pour voir les 
infographies, très parlantes.


https://www.lemonde.fr/blog/huet/2019/05/06/electricite-et-co2-le-tableau-europeen/

Publié le 6 mai 2019 par huet
Electricité et CO2 : le tableau européen
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Le graphique ressemble à un tableau abstrait. Des patatoïdes colorés, 
dispersés sur la page blanche. Mais avec deux axes qui vous parlent de 
MWheures et d’émissions de CO2. Un tableau concocté par un twitto malin, 
à partir des chiffres de production d’électricité de dix pays européens 
et de leur contenu en CO2, le gaz à effet de serre au cœur du problème 
climatique. Le côté esthétique du tableau ne permet pas d’imaginer le 
mettre au Musée – quoique, aurait dit Devos… – mais sa charge didactique 
est remarquable. A condition de passer par quelques explications. Voici 
le tableau :
Chaque tache de couleur représente les émissions de CO2 d’un pays (axe 
vertical en grammes équivalentCO2/kWheure) et la quantité d’électricité 
produite (axe horizontal, en MegaWattheures). Chaque point correspond à 
une heure de production et d’émission. L’étalement horizontal mesure la 
variation de la production au cours de l’année 2018. L’étalement 
vertical mesure la variation de l’intensité carbone de cette 
production.Les cercles noirs indiquent la moyenne annuelle de chaque 
pays. Plus la tache est haute, plus le système émet de CO2 par kWh 
produit, plus elle est proche de l’axe horizontal et plus elle est 
climato-compatible.  BE Belgique, DE Allemagne, ES Espagne, FR France, 
GB Grande Bretagne, IT Italie, NO Norvège, PL Pologne, PT Portugal, SE 
Suède. Note : les productions d’électricité sont bien connues; les 
émissions par sources le sont moins. L’auteur du graphique a utilisé la 
valeur médiane des analyses en cycle de vie complet des différentes 
technologies que publie le GIEC (p 1335 de l’annexe III du rapport du 
Groupe-3). Cette médiane masque des disparités.

Bigrement informatif

Ce joli tableau est bigrement informatif des performances actuelles, du 
point de vue climatique, de ces différents pays en présentant une vision 
synthétique curieusement obtenue par des données extrêmement précises et 
nombreuses qui pourraient aboutir à la confusion. Or, c’est à l’inverse 
une image assez simple qui en ressort.

La taille des pays et donc leur volume de production d’électricité 
apparaît sur l’axe horizontal, ce qui provoque la dispersions des taches 
et rend donc lisible l’image globale malgré quelques superpositions. 
Cela permet de se concentrer sur les performances climatiques de chaque 
système électrique, sa moyenne et son évolution au cours d’une année 
entière.

Norvège rose, Pologne grise

Prenons l’exemple de la Norvège, en rose. Son nuage de points est tout 
en bas à gauche, en partie masqué par celui de la Suède (en bleu ciel). 
Sa position à gauche indique que sa production est modeste en volume, 
comparée à celle de la France (rouge) ou de l’Allemagne (orange). 
Pourtant, la Norvège est de très loin la championne du monde de la 
consommation d’électricité (environ 23 000 kWh par habitant, trois fois 
celle des Français). Mais voilà : nos amis Norvégiens obtiennent la 
presque totalité de leur jus de l’écoulement de l’eau sur leurs 
turbines. Du liquide plus de la gravité… et l’affaire est jouée. 
L’électricité norvégienne est donc climato-compatible quelque soit 
l’heure, le jour ou le mois de l’année comme nous l’indique la très 
faible étendue verticale de son nuage de points.

Tournons nous maintenant vers la tache grise, en haut du graphique. 
Plutôt concentrée au plan horizontal, elle indique une assez faible 
variation de la production au cours du temps. Son intensité maximale se 
situe, sur l’axe vertical, entre 650 geqCO2/kWh et près de 800 
geqCO2/kWh. Un connaisseur a déjà deviné qu’il y a du charbon derrière 
des émissions aussi élevées. Bingo, il s’agit de la Pologne dont les 
centrales à charbon crachent le gaz à effet de serre à fond les ballons… 
et des particules fines accusées de mettre fin prématurément à des 
dizaines de milliers de vies, chaque année. Si la Pologne a déjà 
installé des milliers d’éoliennes terrestres, en nombre plus grand que 
le Danemark, cela ne lui permet de diminuer l’intensité carbone de son 
système électrique que peu de jours par an, ce qu’indiquent les points 
gris qui descendent péniblement vers les 500geqCO2/kWh. Pour améliorer 
la situation, les Polonais envisagent d’avoir plus de renouvelables, 
moins de charbon, plus de gaz et un programme électro-nucléaire.

Portugal variable, Allemagne itou

La tache verte à gauche, très étendue sur l’axe vertical, nous parle du 
Portugal. Elle nous dit que les équipements hydrauliques (notamment en 
stockage par stations de pompage), éoliens et solaires du pays lui 
permettent parfois de diminuer très fortement ses émissions, affichant 
certains jours des performances  quasi-norvégiennes. Mais elle nous dit 
aussi que, lorsque le vent, le soleil ou l’eau font défaut, les 
centrales à charbon et à gaz du pays font monter son intensité carbone à 
des valeurs… polonaises. La décarbonation du système électrique 
portugais passe donc par des solutions permettant de se passer de ces 
centrales aujourd’hui encore indispensables à son équilibre entre 
production et consommation.

L’Allemagne, c’est la grosse tache orange, dont la position très  droite 
du graphique est en conformité avec le poids démographique du pays. Son 
étalement horizontal indique une forte variation des productions. Sa 
forte épaisseur montre des performances climatiques elles aussi très 
variables, allant de moins de 200 geqCO2/kWh à plus de 600 geqCO2/kWh. 
Avec une moyenne vers 420. Cette dispersion des résultats est conforme à 
une présentation différente de la production d’électricité pour l’année 
2018 avec le graphique ci-dessous (tiré du site connaissance des énergies).

Ajout le 8 mai : suite à des remarques dans les commentaires sur ce 
graphique produit par le Fraunhofer Institute (les chiffres sont 
incomplets car il manque l’autoproduction des industriels en 
particulier), je le complète par cet autre graphique qui semble plus 
complet (ci-contre). Il provient du rapport pour l´année 2018 de l´AG 
Energiebilanzen (AGEB 2019a) la production brute d’électricité allemande 
est donc de 646,8 TWh pour 2018 (les chiffres entre parenthèses sont 
ceux de 2017). Le graphique vient d’ici. Fin de l’ajout.

Ce graphique – comme cet autre ci-contre de la production allemande le 
le 26 avril 2019 à 18h – montre également que la disparition de la 
production nucléaire d’ici la fin de 2022 risque de provoquer une 
augmentation des émissions de CO2 par la perte de 13% de l’électricité 
décarbonée qu’elle fournit. Ce graphique alerte aussi sur un point 
crucial : l’économie du système. Car les deux sources intermittentes, 
vent et soleil, ne fournissent encore que 29% du total annuel. Or, 
lorsqu’elles fonctionnent à plein et que la consommation est basse (ce 
fut le cas le week-end de Pâques) elles peuvent entraîner une chute de 
son prix sur le marché spot européen… en dessous de zéro. Une chute 
artificielle, bien sûr, puisque les subventions massives n’entrent pas 
dans le calcul des coûts, mais qui n’en déstabilise pas moins l’économie 
du système électrique. Comme indiqué ici par l’économiste de l’énergie 
Dominique Finon, tant que ce problème économique ne sera pas affronté et 
résolu l’espoir de construire des systèmes électriques essentiellement 
basés sur ces deux sources sera en difficulté.

La France climato-compatible

La tache rouge, très étalée horizontalement mais compacte dans le plan 
vertical, à droite et en bas du tableau, c’est la France. La forte 
variation de sa production témoigne de l’effet du chauffage électrique 
des bâtiments (la deuxième source de chaleur après le gaz) durant 
l’hiver. En revanche, sa très faible épaisseur montre, comme pour la 
Suède ou la Norvège, que son système électrique demeure 
climato-compatible tous les jours et chaque heure de l’année.

Cette performance est certes due à son parc de production mais surtout à 
la productivité du nucléaire.

En effet si les 58 réacteurs nucléaires ne représentent que moins de 50% 
de la puissance installée, montre le graphique ci-contre au dessus, ils 
produisent entre 70 et 75% du jus suivant les années. Voici le dernier 
résultat mensuel connu, pour le mois de mars 2019, tiré des chiffres 
publié la semaine dernière par RTE. Ce bilan fait état d’une excellente 
performance climatique du système électrique français en mars. S’il 
provient pour l’essentiel du nucléaire, les énergies renouvelables s’en 
sortent bien car la baisse importante de la production hydraulique, due 
à la faiblesse des pluies depuis plusieurs mois, a été compensée en 
grande partie par une forte production éolienne durant la première 
moitié du mois. Mais, alors même que ce mois de mars fut très bon en 
production éolienne, la courbe de cette dernière explique pourquoi il 
n’est pas possible d’en faire le socle de la production d’électricité :

Les à-coups de la production éolienne, passant en quelques heures de 
plus de 10 000 MW à moins de 3000 exigent bien sûr des moyens de 
production puissants et pilotables pour compenser les chutes de faibles 
durées. Mais le manque de vent durant plusieurs jours de suite, du 19 au 
25 mars par exemple, débouche sur des productions éoliennes très faibles 
d’environ 1500 MW durant cette période. Cela suppose que ces moyens de 
production compensatoires soient de surcroît capables de fournir 
d’importantes quantités d’électricité durant des durées aussi longues. 
Et la météo peut allonger le manque de vent sur deux ou trois semaines 
fréquemment. En Allemagne, la part des énergies renouvelables peut ainsi 
atteindre 75% de la production (le 8 décembre 2018) mais également ne 
pas dépasser les 15% (le 11 janvier 2018). C’est ce problème qui 
explique pourquoi l’Allemagne a conservé de très importants moyens de 
production au charbon et au gaz, montant son parc total à plus de 200 
GW, alors que le parc français n’est que de 132 GW. Cette surcapacité 
explique en partie les prix élevés de l’électricité allemande (voir 
graphique ci-dessous) et l’importance des exportations allemandes, y 
compris à prix négatifs lorsque l’électricité devient excédentaire.
========== REMAINDER OF ARTICLE TRUNCATED ==========