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<6519daa6$0$25961$426a34cc@news.free.fr> View for Bookmarking (what is this?) Look up another Usenet article |
Path: ...!news.mixmin.net!proxad.net!feeder1-2.proxad.net!cleanfeed3-b.proxad.net!nnrp1-2.free.fr!not-for-mail Newsgroups: fr.rec.arts.musique.classique Subject: Re: Des mots, des notes. I. comme =?ISO-8859-1?Q?Interpr=E9tatio?= =?ISO-8859-1?Q?n?= From: paul-olivier.margail@wanadoo.fr (Paul-Olivier Margail) Date: Sun, 1 Oct 2023 22:46:30 +0200 References: <uf7mqv$n4a$1@rasp.pasdenom.info> MIME-Version: 1.0 Content-Type: text/plain; charset=UTF-8 Content-Transfer-Encoding: 8bit User-Agent: MacSOUP/F-2.8.5 (ea919cf118) (Mac OS 10.13.6) Lines: 61 Message-ID: <6519daa6$0$25961$426a34cc@news.free.fr> Organization: Guest of ProXad - France NNTP-Posting-Date: 01 Oct 2023 22:46:30 CEST NNTP-Posting-Host: 81.220.76.143 X-Trace: 1696193190 news-4.free.fr 25961 81.220.76.143:9828 X-Complaints-To: abuse@proxad.net Bytes: 3903 Paul & Mick Victor : > [I. comme Interprétation] : > > L'interprétation, ce mot-valise, a bon dos. Cache-misère, refuge du > sentimentalisme à bas prix, produit lustrant, on trouve derrière cette > appellation un fatras d'artifices dont le compositeur est la première > victime. Je trouve le propos un peu inhumain, dans ce sens où les arts sont (encore) pratiqués par des humains. Qui, eux, sont faillibles. Quand on lit jusqu'au bout ton article, on se rend compte qu'il ne manque qu'une allusion au diapason et à l'implacable métronome, (oui, j'ai vu le mot rubato) pour se retrouver alors transformé en clone du Danhauser (1889). > Chopin, à cet égard, en sait quelque chose (...) > Pendant des décennies, Chopin a été malmené, > son âme transgressée (...) Certes, on ne joue pas Chopin comme on joue Bach et encore moins sur le même instrument et j'approuve que l'on doive s'intéresser a minima à la vie d'un compositeur avant de commencer à le jouer. Mais voilà, le temps a passé et l'humain a évolué. Chopin n'a jamais été joué de son vivant dans ces immenses salles de 2023 où trônent parfois de somptueux "Bösendorfer Imperial 290". L'esthétique a changé. Quand Dalton Baldwin plaquait un triple Forte, il ne nous l'envoyait pas par la Poste, il nous l'explosait en pleine figure. Pour élargir, le Philarmonique de Berlin jouant sous la direction de Karajan l'ouverture de Guillaume Tell nous sert autre chose que du tagada-tagada-tsoin-tsoin sans triangle. Et Hauser, osant une transcription pour violoncelle du Nocturne en Do dièse mineur de Chopin nous fait entendre comme il respire à la place de son engin. Tout a bougé. Peut-être trop vite, mais qui peut dire que Chopin n'aurait pas aimé ce que 2023 lui offre ? Lacan disait "il y a des questions, dont, notamment, la dernière, auxquelles nous n'aurons jamais de réponse". C'est là que réside notre réelle seule liberté gratuite : celle de pouvoir imaginer. > Il a fallu alors toute la noblesse > de grands pianistes, dont Arthur Rubinstein, pour lentement éradiquer > ces mauvaises manières et rendre à Chopin ce que nous lui devons tous : > le respect de son génie. (...) Tous les interprètes le disent : le génie, c'est le compositeur et nous, nous ne faisons que le jouer, avec notre instinct, nos différences, notre vécu du moment, notre naïveté puis notre expérience. Ce sont des contraintes auxquelles les humains ne peuvent pas se soustraire, qu'ils soient interprètes ou auditeurs. > Ah oui, j'oubliais, c'est pour plaire, pour vendre. Non, on peut critiquer, démonter, pousser sa beuglante mais personne n'a le droit d'ignorer, moquer, tuer la passion d'autrui, aussi maladroit(e) soit-il ou soit-elle. Sans la passion partagée, il n'y a plus d'art. Autant rester devant sa télé éteinte, se dire que l'on n'a strictement rien ressenti et que l'on en est satisfait… -- P-Ol, interprète puis auditeur libre