X-Received: by 2002:ad4:57c5:0:b0:635:a666:753b with SMTP id y5-20020ad457c5000000b00635a666753bmr85992qvx.11.1689597205787;
        Mon, 17 Jul 2023 05:33:25 -0700 (PDT)
X-Received: by 2002:a05:6870:c793:b0:1b0:391a:3284 with SMTP id
 dy19-20020a056870c79300b001b0391a3284mr8177900oab.5.1689597205480; Mon, 17
 Jul 2023 05:33:25 -0700 (PDT)
Path: ...!news-out.google.com!nntp.google.com!postnews.google.com!google-groups.googlegroups.com!not-for-mail
Newsgroups: fr.soc.environnement
Date: Mon, 17 Jul 2023 05:33:25 -0700 (PDT)
Injection-Info: google-groups.googlegroups.com; posting-host=2a01:e0a:433:f830:2888:954:591e:e599;
 posting-account=ufma1woAAADz_nJ7NMVWhxSFSh01IfKw
NNTP-Posting-Host: 2a01:e0a:433:f830:2888:954:591e:e599
User-Agent: G2/1.0
MIME-Version: 1.0
Message-ID: <6a17790e-e575-4954-9cc4-76707dbeb3bfn@googlegroups.com>
Subject: =?UTF-8?Q?L=27incendie=2C_autrefois_essentiel_au_cycle_de_la_for=C3=AA?=
	=?UTF-8?Q?t=2C_menace_d=C3=A9sormais_de_la_d=C3=A9truire?=
From: Canta Galet <serpan06@free.fr>
Injection-Date: Mon, 17 Jul 2023 12:33:25 +0000
Content-Type: text/plain; charset="UTF-8"
Content-Transfer-Encoding: quoted-printable
Bytes: 6179
Lines: 81




Les troncs morts s'=C3=A9lancent vers le ciel. Ils se dressent comme des fa=
nt=C3=B4mes, cr=C3=A9ant d'immenses taches blanches dans le vert intense de=
 la for=C3=AAt. A leurs pieds, de petits arbustes et des herbes sont le sym=
bole de la lutte de la nature pour reprendre ses droits. "Jamais de mon viv=
ant, je ne reverrai un =C3=A9pic=C3=A9a dans ces collines", dit tristement =
Harvey Sykes, 70 ans, ancien ouvrier de l'industrie p=C3=A9troli=C3=A8re.

En pleine for=C3=AAt bor=C3=A9ale, la r=C3=A9gion de Fort McMurray en Alber=
ta dans l'ouest du Canada, connue pour =C3=AAtre le plus grand complexe ind=
ustriel de sables bitumineux du monde, porte encore les stigmates du gigant=
esque incendie de mai 2016. "Cet incendie, c'=C3=A9tait un monstre", racont=
e l'homme, chemise =C3=A0 carreaux rouges sur le dos, en montrant les colli=
nes alentours par lesquelles le feu est arriv=C3=A9.

Un mur de flammes, des nuages de fum=C3=A9e, une visibilit=C3=A9 r=C3=A9dui=
te sur des kilom=C3=A8tres et, au milieu, pr=C3=A8s de 90.000 habitants qui=
 tentent de fuir dans le chaos par l'unique route d'acc=C3=A8s. "Un feu com=
me =C3=A7a, vous ne l'affrontez pas. Vous vous levez, vous sortez de l=C3=
=A0", se souvient Harvey Sykes qui, comme beaucoup, a tout perdu =C3=A0 l'=
=C3=A9poque, sa maison, ses biens, les souvenirs d'une vie.

Cet incendie reste la plus grosse catastrophe de l'histoire du Canada avec =
plus de 2.500 b=C3=A2timents d=C3=A9truits et un co=C3=BBt de pr=C3=A8s de =
10 milliards de dollars canadiens (7,30 milliards d'euros). Un traumatisme =
dans le pays qui a vu, pour la premi=C3=A8re fois, ses habitants =C3=AAtre =
directement percut=C3=A9s par les cons=C3=A9quences du r=C3=A9chauffement c=
limatique sur la for=C3=AAt bor=C3=A9ale.

Aujourd'hui, ces m=C3=A9gafeux se multiplient en Alaska, au Canada ou en Si=
b=C3=A9rie. Ils sont l'un des plus grands dangers pour la for=C3=AAt du nor=
d. Tout un paradoxe, car les feux font partie int=C3=A9grante de son histoi=
re. Au m=C3=AAme titre que le soleil ou la pluie, ils sont essentiels =C3=
=A0 son =C3=A9volution. Notamment parce qu'ils lib=C3=A8rent de pr=C3=A9cie=
ux =C3=A9l=C3=A9ments nutritifs pr=C3=A9sents dans le parterre forestier et=
 cr=C3=A9ent des perc=C3=A9es de lumi=C3=A8re dans la canop=C3=A9e qui stim=
ulent la croissance de nouveaux arbres.

En for=C3=AAt bor=C3=A9ale, ce sont les feux de cime qui dominent, plus int=
enses et difficiles =C3=A0 combattre que les feux de surface. Les feux de t=
ourbi=C3=A8re peuvent r=C3=A9sister tout l'hiver sous la neige, produisant =
d'importantes quantit=C3=A9s de fum=C3=A9e et d'=C3=A9missions de monoxyde =
de carbone.

R=C3=A9sistantes au grand froid, toutes les plantes se sont adapt=C3=A9es a=
u feu, comme les peupliers tremble qui br=C3=BBlent vite mais repoussent fa=
cilement gr=C3=A2ce aux rejets souterrains. Certaines en sont m=C3=AAme d=
=C3=A9pendantes, tels le pin gris ou l'=C3=A9pinette noire dont les c=C3=B4=
nes s'ouvrent et lib=C3=A8rent des graines au passage des flammes.

Mais les donn=C3=A9es recueillies au cours des derni=C3=A8res d=C3=A9cennie=
s indiquent que la fr=C3=A9quence des feux et leur intensit=C3=A9 ont attei=
nt un niveau anormal. "On se retrouve avec une saison des feux qui est plus=
 longue, plus s=C3=A9v=C3=A8re. Ils sont plus intenses et couvrent de plus =
grandes superficies", constate Yan Boulanger, chercheur en =C3=A9cologie fo=
resti=C3=A8re pour le minist=C3=A8re canadien des Ressources naturelles.

Les incendies d=C3=A9truisent deux fois plus de couverture foresti=C3=A8re =
dans le monde qu'au d=C3=A9but du si=C3=A8cle et 70% des surfaces d=C3=A9vo=
r=C3=A9es par les flammes en 20 ans concernent les for=C3=AAts bor=C3=A9ale=
s, ont confirm=C3=A9 en ao=C3=BBt des donn=C3=A9es satellitaires compil=C3=
=A9es par le Global Forest Watch (GFW), le World Resources Institute (WRI) =
et l'universit=C3=A9 du Maryland.

Les vagues de chaleur extr=C3=AAme sont d=C3=A9sormais cinq fois plus proba=
bles qu'il y a un si=C3=A8cle et demi, estiment ces experts. Et le r=C3=A9c=
hauffement frappe particuli=C3=A8rement les r=C3=A9gions septentrionales, d=
ont la zone bor=C3=A9ale, puisque les temp=C3=A9ratures y augmentent deux =
=C3=A0 trois fois plus vite que sur l'ensemble de la plan=C3=A8te.

L'exc=C3=A8s de chaleur entra=C3=AEne plus d'=C3=A9clairs, qui d=C3=A9clenc=
hent souvent les incendies les plus d=C3=A9vastateurs, poursuit Yan Boulang=
er, 42 ans, passionn=C3=A9 de m=C3=A9t=C3=A9o =C3=A0 la longue barbe brune.=
 La destruction de la for=C3=AAt par ces incendies entra=C3=AEne des =C3=A9=
missions massives de gaz =C3=A0 effet de serre, ce qui aggrave encore le ch=
angement climatique en l'auto-alimentant. Et si les incendies sont l'une de=
s manifestations extr=C3=AAmes de la hausse des temp=C3=A9ratures, ses cons=
=C3=A9quences sont plus vastes encore.