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Source :
https://www.independants-senat.fr/post/claude-malhuret-d%C3%A9claration-du-gouvernement-guerre-en-ukraine-et-ses-cons%C3%A9quences-pour-la-france

Le 1er mars dernier, alors que les troupes russes encerclaient Kiev et 
qu’on nous expliquait que l’Ukraine serait écrasée en quelques 
jours, je commençais mon discours à cette tribune, par la phrase 
suivante : « L’invasion de l’Ukraine sera le premier clou sur le 
cercueil de la dictature de Poutine ». Cette perspective paraît sans 
doute moins irréaliste aujourd’hui.


Le césarisme appuyé sur une propagande sans limites et un nationalisme 
guerrier est la recette de toutes les dictatures. Jusqu’à ce qu’elles 
fassent le pas de trop. Pendant vingt ans Poutine a mis en pratique le 
proverbe arabe : « Un chameau se mange par morceau ». Une patte au 
moment de la Tchétchénie, une jambe avec l’Ossétie, une cuisse avec 
l’Abkhasie, et la suite : Transnistrie, Crimée, Donbass. Devant notre 
inaction, il s’est dit qu’avec l’Ukraine il pouvait manger le 
chameau d’un seul coup. Il est en train de mourir d’indigestion.


Il y a peu d’exemples dans l’histoire où l’agresseur soit parvenu 
avec autant de précision à l’exact contraire du but recherché. 
Poutine voulait annexer l’Ukraine, il en a forgé la Nation. Diviser 
l’Europe, il l’a soudée. Ridiculiser l’OTAN, il l’a renforcée. 
Humilier les Etats-Unis, il a ressuscité Biden après Kaboul. Prendre la 
tête des dictatures, la Chine s’inquiète, la Turquie montre les dents, 
le Kazakhstan et toute l’Asie centrale en profitent pour prendre le 
large. Conforter sa dictature par ses conquêtes, les troubles commencent 
dans les Républiques de la Fédération de Russie elle-même. Démontrer 
l’isolement de l’Occident, 143 pays à l’ONU contre 4 condamnent la 
Russie.


Il est acculé stratégiquement, économiquement, militairement. Que 
va-t-il faire ? Tout simplement ce qu’il sait faire, ce qu’il a 
toujours fait : un conflit gelé à ses frontières, puisque l’Ukraine 
ne peut franchir la frontière russe et une guerre hybride contre 
l’Occident pour y semer le chaos.


Ce chaos, ceux qui vont s’en charger chez nous, ce sont les officines, 
les populistes, les collabos et leurs réseaux sociaux qui depuis des 
années relayent avec une fidélité canine sa propagande. 100% poutiniens 
hier, ils tentent de sauver les meubles aujourd’hui. Ils attendent 
l’hiver. Ils savent que l’opinion est capricieuse, ils comptent que le 
soutien à l’Ukraine se désagrège. Leur leitmotiv c’est « beurre 
œufs fromage », comme en 40. En clair : « La Russie même pas mal, 
les sanctions ne font souffrir que l’Europe ». Tous les chiffres 
qu’ils citent sont faux, en droite ligne du Kremlin. Une récession 
russe de quelques pour cent nous dit-on ? Non seulement l’absence de 
microprocesseurs empêche les Russes de reconstituer leur armement, mais 
ils ne fabriquent même plus de voitures ou de machines à laver. Les 700 
000 hommes qui ont quitté le pays depuis février, les plus qualifiés, 
entraînent un effondrement de la production. 1000 entreprises 
étrangères ont quitté le pays, représentant 40% du PIB.

La bourse de Moscou a perdu 50%. Les économistes de salon qui nous disent 
que le rouble n’a pas baissé n’ont toujours pas compris que son cours 
officiel est bidon puisqu’il n’est plus échangeable. Qu’ils aillent 
dans une rue de Moscou et changent quelques dollars au noir, ils 
apprendront que le rouble, dans le monde réel, a perdu 50% de sa valeur. 
50%. Tous les chiffres venant de l’Etat russe sont comme Lénine dans 
son mausolée. Soigneusement entretenus et tout à fait morts. Les 
sanctions marchent, et de mieux en mieux.


Le prochain axe de la propagande russe, c’est la paix – nous venons 
d’ailleurs d’en avoir un exemple à l’instant –. A chaque conflit 
avec l’Occident, l’URSS, puis la Russie, a recouru au même 
stratagème : le pacifisme. Dans les années 30 c’est le Mouvement pour 
la Paix, orchestré par les partis communistes européens et les idiots 
utiles, les Sartre, Aragon et les autres, qui a désarmé les 
démocraties. Dans les années 80, les missiles russes à la frontière de 
l’Europe et la riposte des Pershing américains contrecarrée par les 
immenses manifestations « Plutôt rouges que morts ». Rappelons-nous 
la phrase cruciale de Mitterrand : « Les missiles sont à l’Est, les 
pacifistes sont à l’Ouest » qui a fait échouer la manœuvre. Eh 
bien, eh bien c’est reparti. On n’a pas fait assez attention au thème 
de la conférence de presse de Le Pen, la porte-parole salariée du 
Kremlin, il y a quelques jours : « Il faut organiser une grande 
conférence pour la paix en Europe ». La manœuvre va s’amplifier. 
Mélenchon ne dit rien d’autre. Et pour cause, ils prennent leurs ordres 
au même endroit. Leurs groupes ont ensemble refusé de voter les 
sanctions et l’aide à l’Ukraine – et nous venons d’en écouter 
à l’instant les arguments – hélas !


Il va donc nous falloir redoubler d’efforts pour les combattre et pour 
convaincre les français de continuer leur soutien.


Le seul côté positif de la guerre en Ukraine, c’est qu’elle nous 
ouvre les yeux. Les dictateurs sont revenus. Certains les avaient crus 
vaincus à jamais à la fin du XXème siècle. Sous nos yeux 
l’internationale des tyrans se reforme pour se venger, abattre 
l’Occident, mettre à bas la démocratie. Malgré les erreurs 
catastrophiques de la Russie, Moscou, Pékin, Téhéran, Pyongyang et 
d’autres renforcent leurs liens, sous le regard attentif d’Ankara. La 
guerre de Poutine n’est qu’un prélude. Les prochaines générations 
doivent savoir qu’outre la crise climatique le vrai défi à venir sera 
la menace des dictatures sous la conduite de la Chine. La deuxième guerre 
froide a commencé.


Si nous en sommes là, c’est aussi à cause de nos propres lâchetés. 
Ce qui s’est passé, ce n’est pas, n’en déplaise à Fukuyama, la 
fin de l’histoire, c’est la sortie de l’Europe de l’histoire. Il 
n’y a pas de phrase plus malheureuse que celle qui nous a convaincus que 
nous allions, je cite : « toucher les dividendes de la paix ». 


Elle nous a conduits à fermer les yeux depuis vingt ans à chaque 
nouvelle exaction de la Russie, à laisser la Chine piller nos 
technologies et escroquer l’OMC. Elle conduit nos dirigeants à 
répéter aujourd’hui que nous ne sommes pas en guerre, erreur tragique, 
car les dictateurs, eux, savent qu’ils sont en guerre contre nous. Ils 
le disent.


Cette erreur majeure d’analyse fut d’abord celle de l’Allemagne et 
de la France. Depuis un demi-siècle la politique allemande est fondée 
sur la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie, la dépendance 
économique à la Chine et le désarmement face aux deux. Celle de la 
France fut de courtiser la Russie pour trianguler sa relation avec les 
Etats-Unis en croyant acquérir une position indépendante sans en avoir 
les moyens militaires. Les avertissements de l’Europe de l’Est, qui 
sait, elle, ce que sont les dictatures, ont été rejetés avec mépris. 
L’invasion de l’Ukraine nous montre l’échec de ces deux politiques 
et surtout l’urgence à ne pas les poursuivre. 


Il est plus que temps de renforcer la coalition de toutes les démocraties 
et d’abandonner, en France, l’anti-américanisme appuyé sur la 
vieille haine de droite contre les anglosaxons et la vieille haine de 
gauche contre le capitalisme, le tout au nom d’un gaullisme de 
pacotille, ignorant ce que disait de Gaulle : «l’anti-américanisme 
est le socialisme des imbéciles ».


Il est plus que temps de moderniser et renforcer les défenses 
européennes pour se hisser à la hauteur de la compétition stratégique, 
de comprendre que les guerres à venir seront hybrides et que notre retard 
dans le numérique, la lutte contre la désinformation et l’intelligence 
artificielle est encore plus immense que notre retard dans les armes 
conventionnelles.


Il est plus que temps enfin de hausser le ton face au boucher de Moscou. 
La France et l’Allemagne donnent parfois en Europe centrale 
l’impression d’un soutien distancié. Si l’aide militaire est 
réelle, le discours est parfois plus hésitant. La volonté exprimée de 
ne pas humilier, les vaines tentatives de dialogue, l’insistance sur la 
nécessité de négociations le moment venu alors que meurent par milliers 
les ukrainiens, risquent de brouiller la perception de notre engagement.


Toute négociation qui prendrait place avant le retrait total des russes 
de l’Ukraine aboutirait à la même situation que celle de l’Abkhazie 
et de l’Ossétie, du Donbass et de la Crimée, c’est-à-dire un 
nouveau conflit gelé, la poursuite des guerres hybrides à l’Est de 
l’Europe et en définitive une victoire de Poutine.


La seule façon d’apporter à long terme la paix et la stabilité sur 
notre continent, c’est la victoire de l’Ukraine et la défaite de 
Poutine. Ce n’est pas seulement l’indépendance de l’Ukraine qui se 
joue aujourd’hui mais la sécurité de toute l’Europe et l’unité 
indispensable du monde libre contre les dictateurs.

-- 
Слава Україні 🇺🇦