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Subject: Quel con ce Bossuet !
Date: Sat, 18 Sep 2021 23:00:21 +0200
Organization: Ordre hospitalier de l'Alephun
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Je rectifie une erreur dans le texte ci-dessous qui affirme que selon 
Tresmontant l'évangile le plus ancien est celui de Matthieu. Tresmontant 
datait ainsi la traduction en grec des notes prises au jour le jour et 
en hébreu par les disciples du Christ :
- La traduction du dossier qui allait donner l'évangile de Jean est 
faite dès la mort et la résurrection du Christ. Ce dossier est le mieux 
structuré sur le plan chronologique et le plus complexe sur le plan 
théologique. Les notes ont été prises non pas par Jean fils de Zébédée 
qui, en tant que marin-pécheur, était sans doute illettré, mais par Jean 
le cohen qui a commencé par être disciple de Jean le baptiseur (que vous 
appelez Baptiste) et a rencontré Jésus lors de son baptême par le 
baptiseur. Les notes ont été prises du vivant de Jésus et traduites en 
grec dès la mort et la résurrection de Jésus afin d'être communiquées 
aux Juifs de la diaspora qui ne connaissaient plus suffisamment bien 
l'hébreu pour le lire et le comprendre couramment.
- Vient ensuite la traduction du dossier qui a donné l'évangile de 
Matthieu. Les notes datent du vivant du Christ, la traduction a été 
réalisée entre la résurrection de Jésus et la mort de Stéphanos en 36.
- Vient ensuite la traduction du dossier qui a donné l'évangile de Luc. 
Destiné aux Goyim entrés à partir de 36 dans l'économie du monothéisme 
chrétien c'est pourtant le texte le plus proche de l'original hébreu. 
Destiné surtout aux Goyim il est beaucoup plus simple que Matthieu et 
bien sûr que Jean. La traduction en grec a été effectuée entre 36 et 40 
et Tresmontant penchait plutôt pour 40 (le temps que les Goyim 
commencent à devenir majoritaires au sein de l'Église).
- En dernier vient la traduction en grec du dossier qui a donné 
l'évangile de Marc. Intégralement destiné aux Goyim c'est de très loin 
le plus simpliste. Tresmontant date la traduction autour de 45.

Quant à l'Apocalypse il s'agit également d'un dossier mettant 
bout-à-bout plusieurs textes de Iohanan ha-cohen, Jean le cohen (ou le 
sacrificateur). Ces textes de Jean ont d'abord été rédigés en hébreu 
avant d'être traduit en grec et d'ailleurs un grec beaucoup plus mauvais 
que celui de l'évangile de Jean (pas le même traducteur). Comme Jean le 
sacrificateur a été assassiné sur ordre du gouverneur de la Judée Felix 
en 55 les textes qui composent le livre de l'Apocalypse datent d'avant 
55, probablement entre 48 et 53.

Je me rends compte en lisant les disciples de Tresmontant que je connais 
mieux qu'eux l'oeuvre du maître ! Ce qui est inquiétant.

https://www.claudetresmontant.com/bible-langue-datation-traduction

                  Bible : Langue, datation, traduction
                               Exégèse


La critique biblique désigne,  selon Tresmontant,  « l’étude 
scientifique, rationnelle, de cette bibliothèque qui est la Bibliothèque 
hébraïque. »  (« La formation des Évangiles », Problèmes de notre temps, 
p.398.)

En 1993, l’Église a reconnu l’oratorien Richard Simon comme le père 
fondateur de l’exégèse moderne avec son Histoire critique du Vieux 
Testament (1678). On est loin des attaques violentes de Bossuet qui alla 
jusqu’à condamner au bûcher les ouvrages du savant exégète au motif 
qu’il donnait une lecture critique et objective du texte biblique – 
objectivité qui, de fait, ruinait toutes les interprétations plus ou 
moins fantaisistes que l’on pouvait plaquer sur la Bible au nom d’une 
édification morale.

Tresmontant poursuit l’effort de Richard Simon en nous débarrassant de 
tout présupposé métaphysique. La critique biblique se doit d’être avant 
tout l’étude scientifique de la Bibliothèque hébraïque « comme on étudie 
l’histoire de la littérature chinoise, ou grecque, ou autre. » (Ibid., 
p.399.)

La moindre des politesses, selon Tresmontant, consiste d’abord à étudier 
le milieu dans lequel ces textes ont été écrits : « La toute première 
communauté judéenne dans laquelle ont été constitués ces quatre dossiers 
qui ont donné, en traduction grecque, nos quatre Évangiles, était 
hébraïque. Tout le monde pensait en hébreu, lisait en hébreu et écrivait 
en hébreu. Ce n’était pas un milieu ethnique d’analphabètes. C’est un 
milieu ethnique dans lequel on pratique l’écriture depuis des siècles, 
bien avant les Grecs ! » (Ibid., p.407.)

Fort de cet état des lieux, il nous explique la suite de son 
raisonnement en s’appuyant sur ce que nous apprend la traduction des 
Septante, au IIIe siècle avant notre ère : « Des inconnus ont traduit 
toute la Bibliothèque hébraïque de l’hébreu en grec. C’est la première 
fois à notre connaissance qu’un peuple traduit une Bibliothèque entière 
d’une langue appartenant à une espèce, en l’occurrence l’espèce des 
langues sémitiques, en une autre langue, appartenant à une autre espèce, 
l’indo-européenne. Cette traduction en langue grecque de la Bibliothèque 
hébraïque a été réalisée en respectant certains principes : traduction 
mot à mot, proposition par proposition, qui respecte l’ordre hébreu de 
la phrase, la construction hébraïque. Le système de correspondance, 
entre l’hébreu et le grec, est constant. Par conséquent, il a existé un 
lexique hébreu-grec traditionnel, ou plusieurs lexiques apparentés. » 
(Ibid., p.407-408.)

Cela permet d’éclairer cette transmission de l’hébreu au grec pour que 
les Judéens de la Diaspora, plus familiers du grec, puissent continuer à 
lire la Bible.

Et voici ce que des dizaines d’années de travail lui ont permis de 
découvrir : « Les inconnus qui ont traduit de l’hébreu en grec les 
documents, les notes, qui ont donné nos quatre Évangiles, se sont servis 
de ce même lexique. » (Ibid., p.408.)

Si nous n’avons aujourd’hui que des documents grecs des Évangiles, en 
revanche, ceux-ci sont écrits exactement sur le même mode que la Bible 
des Septante traduite en grec deux siècles avant le Christ. En étudiant 
les textes grecs des Évangiles, Tresmontant se rendit compte que, comme 
leurs ancêtres traducteurs de la Bible, les traducteurs des quatre 
Évangiles ont respecté la structure si caractéristique de la syntaxe 
hébraïque : le verbe en tête, suivi du ou des sujets, suivis du ou des 
compléments. « Et il vient, Moïse, et il dit… » ce qui est impossible en 
grec.

« En sorte que pour connaître, pour comprendre le sens d’un terme, dans 
les livres de la Nouvelle Alliance, il faut toujours chercher quel était 
le mot hébreu qui était dessous le mot grec. Si on ne fait pas ce 
travail, on obtient soit des non-sens, soit des contresens, soit des 
faux sens. Ce n’est pas à partir du Dictionnaire grec-français classique 
que l’on peut comprendre les textes des livres de la Nouvelle Alliance, 
mais à partir du Dictionnaire hébreu grec reconstitué. Tant qu’on n’a 
pas retrouvé le mot hébreu, l’expression hébraïque, qui se trouve sous 
le mot grec, sous l’expression grecque, on est dans la situation du 
microbiologiste qui n’a pas su bien régler son microscope : l’image est 
floue, incertaine ; il y a des éléments perturbateurs, des 
interférences, des artefacts dans l’image que l’on voit. Lorsqu’on a 
retrouvé le mot hébreu qui était sous le mot grec, l’image est claire, 
nette, évidente, indubitable. » (Ibid., p.408.)

Or, en plus de pratiquer l’allemand et de maîtriser son latin et son 
grec, Claude Tresmontant maîtrisait parfaitement l’hébreu et l’araméen 
au point que le grand rabbin Kaplan dit de lui : « Nous, nous savons de 
l’hébreu ; lui, il sait l’hébreu. »

Fort de son travail monumental de traduction des Évangiles, on peut 
désormais relire le texte à partir de tout un faisceau d’indices qui 
montrent à l’évidence que tous ces textes ont été rédigés à proximité 
des événements et, surtout, avant la chute du Temple en 70 ; si les 
évangélistes avaient écrit après la chute du Temple, il ne fait aucun 
doute selon Tresmontant qu’ils n’auraient pas manqué d’en parler, 
puisque cet événement est comparable à Hiroshima ou au bombardement de 
Berlin en 1945.

Le Christ hébreu publié en 1983 avec l’Imprimatur de l’évêque de Corse, 
Mgr Jean-Charles Thomas, fait éclater les théories de l’école allemande 
(Bultmann) qui avaient tendance à retarder au maximum la datation de la 
rédaction des Évangiles au motif d’un pur a priori philosophique – les
prophéties sont impossibles – et qu’il fallait donc situer la rédaction 
des textes au moins après la chute du Temple en 70, puisqu’elle avait 
été, selon les Évangiles, prophétisée par le Christ.

Selon Tresmontant, il y a d’abord eu une mise à l’écrit partielle de ces 
paroles du Christ puis ces collections ont été recomposées mais citées 
par les rédacteurs des Évangiles Matthieu, Marc et Luc.

Avec la même méthode de rétroversion du grec à l’hébreu et de l’hébreu 
en français, Tresmontant a levé le voile sur l’origine des textes 
évangéliques en révisant considérablement leur datation. Grâce à ses 
analyses, Tresmontant arrive à ces résultats : l’Évangile de Matthieu 
est le plus ancien, destiné aux Hébreux, et tous les autres avec lui 
sont antérieurs à la chute du Temple en l’an 70.

Cette percée exégétique conduit à interpréter la pensée du Christ en 
lien direct avec son milieu hébraïque. Avec un réalisme saisissant, 
Tresmontant nous invite plus que jamais à relire les Évangiles en tenant 
compte de leur origine hébraïque, ce qu’il rend accessible à tout 
lecteur francophone grâce à ses traductions en français des Évangiles, 
au plus près de la structure hébraïque et des mots hébreux retrouvés 
sous le grec qui nous est parvenu.

Ces travaux ont à l’époque déclenché de violentes polémiques. De manière 
dépassionnée, on constate aujourd’hui que, sans que Tresmontant ne le 
sache et réciproquement, ses travaux convergent avec ceux de Jean 
Carmignac. De même, Jacqueline Genot-Bismuth viendra confirmer l’apport 
capital de Tresmontant sur la datation des Évangiles.
Jérémy-Marie Pichon

Pour aller plus loin :

* Le Christ hébreu, Paris, O.E.I.L., 1983.

========== REMAINDER OF ARTICLE TRUNCATED ==========