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Subject: Croissance nulle au premier trimestre
Date: Mon, 23 May 2022 21:57:50 +0200
Organization: Ordre hospitalier de l'Alephun
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Malgré ses rodomontades Bruno  Lamairde n'a pas réussi à affecter 
l'économie russe. Par contre l'économie française je ne vous dis pas ce 
qu'il lui a mis ! Quelle dérouillée pour la France, quelle dérouillée ! 
Et ça ne fait que commencer ! :-D

Voici un article de Jacques Sapir consacré au fiasco économique du 
gouvernement français :

<https://francais.rt.com/opinions/98353-croissance-nulle-1er-trimestre-2022-accident-pane-ou-tendance-inquietante>

La croissance au premier trimestre de cette année aura été nulle, si 
l’on en croit les chiffres de l’INSEE. Ce résultat apparaît comme une 
douche froide après le rebond économique de 2021. Comment l'expliquer ? 
S’agit-t-il d’un simple accident ?

L’arrêt de la croissance a surpris les responsables du ministère de 
l’Economie et des Finances. Il est manifestement dû à la chute de la 
consommation, qui diminue d’environ -0,5%, mais aussi à un 
investissement qui reste très faible.

La reconstitution des stocks, un phénomène qui est sensible depuis la 
fin de l’année 2021, est le seul facteur positif à noter. Cela permet au 
résultat du PIB de ne pas être négatif au premier trimestre. Ajoutons 
que le ralentissement de la production est significatif dans le secteur 
des services, et provient notamment de la production en services 
marchands (+0,4 % après +1,8 %), en particulier dans l’hôtellerie et la 
restauration (–4,0 % après +1,2 % au trimestre précédent). En revanche, 
la production des biens a été un peu plus dynamique ce trimestre, et en 
particulier celle des biens manufacturés, alors qu’elle avait stagné 
lors des deux derniers trimestres de 2021.

Cependant, les résultats de mars sont mauvais. La production 
industrielle a chuté au mois de mars de 0,5% par rapport au mois de 
février. La production manufacturière, elle, est en chute de 0.3% sur le 
mois. Que s’est-il donc passé ?

La faute à la guerre en Ukraine ?

La baisse en volume de la consommation est sensible pour les ménages 
tandis que la consommation des administrations publiques, qui avait 
contribué à porter la croissance en 2021, est, elle, à l’arrêt. Une 
possible explication réside dans la montée des incertitudes. La guerre 
en Ukraine a pu naturellement peser, tout comme, à un moindre niveau, le 
rebond épidémique de la Covid-19 que la France a connu en début d’année. 
C’est l’hypothèse d’un accident passager.

La guerre a clairement des conséquences importantes sur l’appareil 
productif français. Les secteurs qui sont les plus affectés par les 
perturbations sur les chaînes d’approvisionnement engendrées par la 
guerre sont les secteurs de la fabrication de machines et d’équipements 
et d’automobile. Ils voient leur production chuter de façon importante, 
respectivement de 3,9% et de 7,3% sur un mois. En conséquence, la 
production automobile se trouve désormais à 34,2% en-dessous de son 
niveau d’avant pandémie.

Les ménages, quant à eux, inquiet de la situation internationale 
préfèreraient épargner que consommer. Cependant, la baisse du taux 
d’épargne, sensible sur une partie de 2021 et qui pourrait avoir 
continué au premier trimestre 2022, ne plaide pas pour cette hypothèse 
ou incite à tout le moins à la minorer.

La faute à l’inflation ?

D’autres facteurs sont aussi à l’œuvre. L’inflation, en particulier, qui 
accélère depuis l’automne 2021. L’inflation implique une réallocation 
des dépenses, en particulier pour les catégories les plus modestes qui 
sont mécaniquement les plus touchées. Le surcroît de dépenses pour 
l’énergie (que ce soit pour le transport ou pour le chauffage) réduit 
naturellement le «reste à vivre», ce qui se traduit par une baisse de la 
demande pour les produits manufacturiers. Les revenus n’étant plus 
indexés comme ils l’étaient dans les années 1960 et 1970, l’inflation 
entraîne donc naturellement cette baisse de la demande.

C’est l’hypothèse de la panne transitoire que le gouvernement a 
privilégié en début d’année. La thèse du ministre de l’Economie et des 
Finances était que l’inflation ne durerait pas et que, le marché du 
travail se tendant avec une baisse du chômage, des hausses de salaires 
apparaîtraient rapidement. Néanmoins on voit bien que l’inflation est là 
pour durer, au moins jusqu’en 2024. Cette inflation est elle-même due à 
des causes différentes qui vont d’un redémarrage de la demande plus 
rapide que celui de l’offre, d’une hausse structurelle des matières 
premières, d’une hausse des coûts de transport (en particulier dans le 
transport maritime) et de phénomènes de pénuries liés aux effets de la 
crise sanitaire sur les chaînes internationales de production et enfin, 
dans le cas de la France, une baisse de la productivité du travail. 
L’impact de ces différentes causes sur les prix à la production, et donc 
implicitement à la consommation, est évident.

Graphique 1

Voir ici le graphique de l'indice des prix à la production :

<https://cdni.russiatoday.com/french/images/2022.05/original/62751b8a6f7ccc7cde14f75b.png>

L’hypothèse d’une inflation de courte durée est par ailleurs mise à mal 
par les effets de la guerre en Ukraine (que ce soit les sanctions ou les 
contre-sanctions) mais aussi par des effets de spéculation sur un 
certain nombre de biens, qu’il s’agisse des biens alimentaires ou des 
semi-conducteurs. Ainsi, le taux d’inflation est passé en France de 3% à 
la fin de l’année 2021 à 4,5% au mois d’avril 2022, et pourrait 
atteindre de 5,5% à 7% à la fin de cette année selon diverses prévisions.

Les mesures prises par le gouvernement, primes ponctuelles et «bouclier» 
sur les questions de l’énergie, si elles étaient cohérentes avec 
l’hypothèse initiale d’une inflation de courte durée, ne le sont plus 
face à une inflation qui pourrait durer encore deux ans, voire plus. 
Dans ces conditions, la «panne» de croissance menace de durer.

L’échec de la politique du gouvernement ?

Or on peut aussi lire dans les statistiques de l’INSEE des éléments qui 
vont au-delà de l’accident ou de la panne et qui décrivent la mise en 
place d’une tendance inquiétante. On a dit que le taux d’épargne 
baissait. Le taux de marge, autrement dit la capacité des entreprises à 
dégager des bénéfices, et le taux d’investissement aussi. La faiblesse 
de l’investissement depuis le second semestre 2021 est particulièrement 
préoccupante. Elle vient se combiner avec une baisse du taux 
d’autofinancement des entreprises françaises. Ce dernier est passé de 
97,8% au deuxième trimestre 2021 à 89,3% au quatrième trimestre de 2021. 
On ne connaît pas encore les chiffres pour le premier trimestre de 2022, 
mais on peut penser qu’ils seront eux aussi mauvais. Or, si le taux 
d’autofinancement baisse, cela implique que les entreprises sont plus 
dépendantes des banques pour l’investissement, ce qui en période de 
rapide remontée des taux d’intérêt n’est clairement pas une bonne nouvelle.

On voit donc se dessiner une autre histoire venant démentir les brevets 
d’autosatisfaction que se décernaient les autorités depuis cet automne. 
La forte reprise que la France a connue en 2021 semble bien avoir été 
une simple compensation de l’effondrement de la consommation en 2020, au 
plus fort de la crise sanitaire.

Tableau 1

Voir ici le tableau de la formation brute de capital fixe :

<https://cdni.russiatoday.com/french/images/2022.05/original/62751d7887f3ec1d2873eb45.png>

Dans ces conditions, la supposée baisse du chômage va révéler ses effets 
de trompe-l'œil. En effet, si le gouvernement a beaucoup communiqué sur 
ce point, il s’est basé essentiellement sur la baisse des chiffres de la 
catégorie «A» de pôle emploi (DARES). Cependant les personnes sorties de 
cette catégorie sont essentiellement des personnes en stage. Pour que 
cela aboutisse à un retour effectif à l’emploi, et non à une forme de 
camouflage du chômage, il faudrait que la production et l’investissement 
s’accroissent. Or, non seulement la production désormais stagne, mais 
l’investissement reste inférieur à ce qu’il devrait être. Normalement, 
la Formation brute de capital fixe (FBCF) aurait dû atteindre 144 
milliards au quatrième trimestre de 2021. On constate, sur le tableau 1, 
que ce n’est pas le cas.

La stagnation de la croissance enregistrée par la France au 1er 
trimestre va sans doute se prolonger au deuxième et au troisième. Si des 
éléments conjoncturels ont naturellement pesé, si l’inflation a joué un 
mauvais tour prévisible aux responsables de Bercy, cette stagnation 
reflète bien plus une atonie générale et une politique économique inadaptée.
Jacques Sapir