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L'auteur de l'article qui suit (publié dans la section française de 
Russia Today) est Roland Lombardi, docteur en histoire, géopolitologue 
et spécialiste du Moyen-Orient

<https://francais.rt.com/opinions/98818-fiasco-guerre-economique-occident-contre-russie-roland-lombardi>

Dans un mélange d’irréalisme géopolitique, de diplomatie spectacle et 
d’atlantisme aveugle, l'Union européenne a dégainé l’arme économique 
pour contrer l’invasion russe en Ukraine. Ces sanctions se sont révélées 
dommageables pour les Européens.

Les séries de sanctions économiques appliquées par l’Union européenne 
dès l’intervention russe en Ukraine en février dernier, avaient pour 
objectif de fragiliser la Russie pour la forcer à cesser les hostilités. 
Or, cette véritable guerre économique déclenchée par Bruxelles contre 
Moscou a très vite fait, comme déjà en 2014 avec les sanctions contre la 
Russie après l’affaire de la Crimée, de pénaliser également les pays 
européens.

La Russie est le cinquième partenaire économique de l’UE derrière la 
Chine, les États-Unis, le Royaume-Uni et la Suisse. Et les relations 
commerciales avec la Russie sont plus ou moins importantes selon chaque 
pays membre de l’Union.

Par exemple, la France est le premier employeur privé en Russie avec 
près de 160 000 salariés. Près de 500 entreprises françaises opèrent 
dans le pays de Vladimir Poutine, dont 35 entreprises du CAC 40 (groupe 
Mulliez avec ses filiales comme Auchan, Leroy Merlin, Décathlon ou 
encore Total, la Société Générale et Renault…). Ainsi, en cédant aux 
diktats et aux pressions d’ONG (souvent liées à des gouvernements ou à 
des grands groupes anglo-saxons), d’associations humanitaires ou même du 
gouvernement ukrainien, les forçant à quitter la Russie, ce sont les 
sociétés françaises qui sont de fait elles aussi sanctionnées et cela 
aura nécessairement des répercussions négatives en France…

En Allemagne, 66% du gaz consommé vient de Russie. C’est pourquoi, 
Berlin, même si elle a voté les sanctions, a fait en sorte que celles-ci 
ne touchent par ses intérêts vitaux, notamment en renonçant à un embargo 
énergétique total à l’encontre de la Russie.

Dernièrement, à la suite de l’italien Eni, plusieurs gros acheteurs 
européens de gaz russe ont été forcés de trouver une solution technique 
afin d’effectuer le paiement en roubles, imposé par le Kremlin en 
représailles aux sanctions, sans faire eux-mêmes la conversion. La 
Commission européenne s’est vue alors obligée d’accepter ce compromis, 
qui permettra donc de continuer à acheter du gaz… aux Russes ! Tout 
acheteur de gaz venant de Russie devra donc ouvrir un compte à 
Gazprombank. Cette banque russe reçoit ainsi les paiements dans la 
devise du contrat, les convertit à ses frais sur un deuxième compte en 
roubles ouvert par la société européenne acheteuse de gaz et paie ainsi 
Gazprom, le fournisseur de gaz, en monnaie russe !

Selon l’agence Bloomberg, ce sont déjà 20 entreprises européennes qui 
ont ouvert des comptes auprès de Gazprombank pour payer le gaz russe en 
convertissant des euros en roubles. 14 autres clients ont demandé des 
documents nécessaires pour les ouvrir et quatre (dont Eni) ont déjà 
effectué le paiement en roubles !

Il s’agit donc d’une pitoyable et hypocrite capitulation de l’Union 
européenne. L’essentiel pour Moscou étant d’éviter la saisie des 
paiements en euros ou en dollars dans des comptes ouverts auprès des 
banques occidentales. De plus, ces dollars et euros sont immédiatement 
revendus sur le marché des changes contre des roubles avec des frais de 
change facturés à la société européenne acheteuse de gaz. C’est la 
raison pour laquelle le rouble a non seulement retrouvé son taux de 
change d’avant le 24 février 2022, date de l’intervention militaire 
russe en Ukraine, mais il l’a même dépassé, narguant l’euro en train de 
dévisser et même le dollar américain ! Et dire que le ministre français 
de l’économie, Bruno Le Maire, voulait mettre l’économie russe à genoux 
et que les Occidentaux rêvaient de voir le rouble s’écrouler pour 
déclencher une inflation monstrueuse en Russie…

Quant à la politique des sanctions contre le pétrole russe, c’est 
également un fiasco. Là encore, les divergences entre les États membres 
de l’UE sont patents. La Hongrie, dépendante à 100 % de l’énergie russe 
par gazoduc et oléoduc, a chiffré à 15-18 milliards d’euros le coût d’un 
arrêt de ses achats de pétrole russe pour expliquer sa demande 
d’exemption, suite à son exclusif approvisionnement russe, du projet 
d’embargo pétrolier de l’Europe. Certains pays européens, tels que la 
Slovaquie, la République tchèque ou la Bulgarie ne sont pas mécontents 
de voir la Hongrie monter au créneau. Les inconséquents dirigeants 
européens se sont également résolus à abandonner un projet visant à 
interdire aux navires de l’UE de transporter du pétrole russe, à cause 
de la concurrence de Londres qui voulait profiter de la situation et 
surtout après l’opposition de la Grèce et de Chypre craignant un impact 
trop dangereux sur leur économie.

Au final, après quatre mois de guerre, les sanctions énergétiques 
voulues par les Européens ne sont ni plus ni moins qu’un suicide 
économique et industriel pour l’Allemagne mais aussi pour tous les États 
européens qui ont besoin d’une énergie abondante, écologique par 
pipelines (tout le contraire des méthaniers !) et peu coûteuse.

En attendant, la Russie est en train de gagner plus d’argent avec ses 
ventes de gaz et de pétrole qu’avant la guerre en Ukraine. Moscou croule 
même sous les excédents financiers. Ses profits avec la hausse du baril 
sur les marchés internationaux sont supérieurs à ce qui était anticipé 
dans les prévisions budgétaires russes.

Les céréales, l’autre arme de guerre de la Russie

La Russie avait par ailleurs mis en place depuis plusieurs années un 
certain nombre de protections de son système bancaire et détient 
d'importantes ressources naturelles ainsi que des réserves financières 
conséquentes (en or notamment). On l’a déjà vu ailleurs, et Poutine s’y 
était préparé, les sanctions internationales ne font en général que 
renforcer les régimes politiques qui en sont la cible et les forcent au 
contraire à innover et diversifier leur économie. Même si les oligarques 
sont aujourd’hui très fortement touchés par les sanctions occidentales, 
rares sont ceux qui ont pris leurs distances avec le clan Poutine.

Et surtout, souvenons-nous au passage que c’est depuis 2014, en réponse 
aux sanctions financières et politiques adoptées par l'Union européenne 
et les États-Unis après l'annexion de la Crimée, que Vladimir Poutine 
avait mis en place un embargo strict sur tous les produits alimentaires 
venus d'Europe (pénalisant déjà fortement les agriculteurs français) 
pour parallèlement moderniser ce secteur en Russie. Mécaniquement, cette 
situation a fait de la Russie, quelques années plus tard, l’un des 
leaders mondiaux de l’agroalimentaire notamment en devenant le premier 
exportateur de blé de la planète !

Aujourd’hui, bénéficiant d’une météo très favorable, la prochaine 
moisson russe devrait battre des records alors que tous les concurrents 
de la Russie, comme l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Inde, doivent 
faire face à la sécheresse et au contraire risquent de produire moins de 
blé, d'orge ou de maïs. Par ailleurs, les Russes mettent la main sur 
quasiment toutes les exportations de blé de l’Ukraine (huitième 
producteur mondial mais également, cinquième producteur de maïs et 
troisième de sarrasin). Ils se sont déjà accaparé plusieurs centaines de 
milliers de tonnes des stocks ukrainiens et attaquent régulièrement les 
principaux ports au bord de la Mer noire, empêchant ainsi l'Ukraine 
d’acheminer ses céréales. L'Europe essaie d'aider l'Ukraine à les faire 
parvenir par train, mais cela reste très complexe et surtout plus cher. 
Les rails n'ont pas le même écartement qu'en Europe et donc la Russie 
qui représente déjà 20% des exportations mondiales de blé risque d'en 
détenir le tiers à la prochaine récolte cet été.

Pour Moscou, c’est donc un formidable moyen de pression sur le monde. 
Toute l'Afrique subsaharienne, le Maghreb ou encore le Moyen-Orient sont 
dépendants presque à 100% des importations. Le Kremlin est dès lors en 
mesure de privilégier les pays «amis» ou refuser de vendre à ses ennemis 
déclarés ou pas.

Ceci explique le fait que si la Russie est devenue un véritable «paria» 
en Occident, elle est loin d’être isolée et coupée du monde. Car seuls 
les Occidentaux ont adopté des sanctions contre elle. Plus prudents, les 
BRIC, Brésil, Inde, Chine les ont rejetées. Comme aussi de nombreux pays 
d’Amérique latine, d’Afrique, d’Asie ou du monde arabo-musulman. 
D’ailleurs, Moscou est sur le point de réorienter son secteur des 
hydrocarbures mais également son économie et son commerce (céréales) 
vers tous ces pays émergents. C’est même une nouvelle organisation 
mondiale qui est en train de se mettre en place et peut-être la fin du 
monopole de la puissance occidentale.

En fonçant tête baissée pour suivre la ligne de l’administration Biden 
et en s’alignant aveuglément sur la logique de guerre otanienne, au 
mépris de ses propres intérêts, la guerre économique irresponsable et 
chaotique de l’Union européenne contre la Russie, pour un conflit qui 
n’était pas le sien mais celui des États-Unis, est en train de pousser 
le Vieux continent dans le gouffre. Au-delà de la rupture géostratégique 
avec la Russie, l’UE perd l’un de ses principaux partenaires commerciaux 
et va s’enfoncer dans une crise énergétique et économique durable dont 
les peuples européens seront les premières et principales victimes. 
L’Europe va également perdre surtout sa dépendance énergétique au profit 
de pays hostiles comme l’Algérie, le Qatar, l’Azerbaïdjan et aussi les 
États-Unis qui veulent se substituer aux Russes pour alimenter l’Europe 
en gaz, en vendant leur gaz de schiste plus cher et dont l’UE s’interdit 
l’exploitation sur son sol pour des raisons environnementales !

Bref, Washington est donc pour l’instant le seul grand gagnant 
occidental de la guerre en Ukraine et des sanctions contre la Russie. 
Commerçant guère avec Moscou, les États-Unis sont peu impactés par 
celles-ci. Au contraire, on vient de le voir, ils en tirent même profit!

Les Américains sont donc parvenus à séparer pour longtemps les Européens 
des Russes et compromettre ainsi une potentielle alliance 
russo-européenne, leur cauchemar historique. Ils ont réactivé l’OTAN et 
vont ainsi pouvoir intensifier leur mainmise sur l’Europe et la vente de 
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