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https://stratpol.com/comparatif-du-leadership-des-armees-de-russie-et-de-lotan/

Différence de leadership des armées de Russie et de l’OTAN sur le front 
ukrainien
de Dominique Delawarde 3 mai 2022

Réponse à Monsieur Myard, sur l’affrontement Etats-Unis / Russie en Ukraine.

Si une bonne partie de votre analyse sur les risques de dérapage du 
conflit ukrainien me semble juste, je reviens sur la phrase: “Les 
renseignements fournis par les Américains ont été décisifs pour contrer 
l’avancée russe dont l’armée s’est révélée incapable de s’adapter, en 
raison de concepts militaires d’un autre âge.”

Ancien chef “Situation-Renseignement-Guerre électronique” de 
l’État-major Interarmées de planification opérationnelle, je ne partage 
pas du tout cette partie d’analyse qui repose sur une “appréciation de 
situation” inexacte qui est, en fait, la conclusion d’une prise de 
position atlantiste biaisée, visant à faire croire aux ukrainiens que la 
Russie est faible, pour pousser l’Ukraine à résister jusqu’au bout et 
lui laisser envisager, avec l’aide occidentale, une victoire. Voici mon 
argumentation:

Jusqu’à preuve du contraire, la Russie n’a pas déclaré de mobilisation 
partielle et encore moins générale de ses forces pour mener cette 
“opération spéciale”. Dans le cadre de l’Opération Z, elle n’a utilisé, 
jusqu’à présent, que 12% de ses soldats (des professionnels ou des 
volontaires), 10% de ses avions de chasse, 7% de ses chars, 5% de ses 
missiles et 4% de son artillerie. Chacun observera que le comportement 
des élites dirigeantes occidentales est, jusqu’à ce jour, beaucoup plus 
fébrile et hystérique, que le comportement de la gouvernance russe, plus 
calme, plus placide, plus déterminée, plus sûre et maîtresse d’elle 
même, de son action et de son discours. Ce sont des faits.

La Russie n’a donc pas fait jouer ses immenses réserves (réserves qui 
n’existent quasiment plus en UE). Elle dispose de beaucoup plus d’une 
semaine de munitions ainsi qu’elle le démontre chaque jour sur le 
terrain. Nous n’avons pas cette chance à l’Ouest où la pénurie de 
munitions, l’obsolescence des matériels majeurs, leur maintenance 
insuffisante, leur faible DTO (Disponibilité Opérationnelle Technique), 
l’absence de réserve, le manque d’entrainement des personnels, le 
caractère échantillonnaire des matériels modernes et bien d’autres 
éléments ne nous permettent pas d’envisager sérieusement, aujourd’hui, 
une victoire militaire de l’OTAN face à la Russie. C’est bien la raison 
pour laquelle nous nous contentons d’une guerre “économique” en espérant 
affaiblir l’ours russe.

Venons-en à la qualité du leadership militaire de la partie russe et 
comparons la à celle de la “coalition occidentale”.

Le 24 février, les Russes se sont lancés, dans l’urgence, dans une 
“opération spéciale” préemptive, précédant de quelques jours un assaut 
des forces de Kiev contre le Donbass.

Cette opération était spéciale parce que l’essentiel des opérations au 
sol allaient se dérouler dans un pays frère et dans des zones dans 
lesquelles une partie importante de la population n’était pas hostile à 
la Russie (le Donbass). Il ne s’agissait donc pas d’une opération 
classique de haute intensité face à un ennemi irréductible, il 
s’agissait d’une opération dans laquelle la technique du rouleau 
compresseur russe, écrasant les forces, les infrastructures et les 
populations adverses par l’artillerie (comme en Allemagne lors de la 
2ème guerre mondiale) était impossible à envisager. Cette opération 
était spéciale parce qu’il s’agissait davantage, dans le Donbass, d’une 
opération de libération d’une population amie, otage des bataillons de 
représailles ukro-nazis, et martyrisée depuis 8 ans, opération dans 
laquelle les populations et l’infrastructure civiles devaient être 
épargnées autant qu’il était possible.

Cette opération était donc réellement spéciale et particulièrement 
difficile à conduire avec en permanence à l’esprit les exigences 
contradictoires d’obtenir la victoire en avançant et en occupant le 
terrain, tout en ménageant la population et l’infrastructure civile et 
la vie de ses propres soldats.

En outre, cette opération a été menée, jusqu’à présent, en infériorité 
numérique (près de un contre deux), alors que le rapport de force au sol 
requis en offensive est de 3 contre 1, et même de 5 contre 1 en zone 
urbanisée. Les forces kiéviennes ont d’ailleurs parfaitement compris 
l’intérêt de se retrancher dans les villes et de se servir des 
populations civiles russophones et russophiles comme bouclier humain…

J’observe que, sur le terrain, les forces russes continuent d’avancer, 
jour après jour, lentement mais sûrement face à une armée ukrainienne 
qui a réalisé sa mobilisation générale, qui est aidée par l’occident, et 
qui est sensée se battre pour sa terre…

Mettre en cause la qualité du leadership russe, engagé dans une 
opération militaire très complexe, menée en infériorité numérique, dans 
laquelle tout doit être fait pour éviter les dégâts collatéraux 
excessifs . me paraît être une énorme erreur d’appréciation. On prête 
aussi trop souvent aux russes, en occident, des intentions ou buts de 
guerre qu’ils n’ont jamais eu, juste pour pouvoir dire que ces objectifs 
n’ont pas été atteints.

Il est vrai que l’OTAN ne s’est jamais embarrassée de scrupules pour 
écraser sous les bombes les populations civiles des pays qu’elle 
agressait (souvent sous des prétextes mensongers), pour contraindre ces 
pays à demander grâce. (Serbie, Irak, Afghanistan, Libye, etc.). Plus 
d’un million de bombes otaniennes ont été larguées depuis 1990 sur la 
planète entrainant la mort directe ou indirecte de plusieurs millions 
d’individus dans l’indifférence la plus totale des opinions publiques 
occidentales.

Avant d’en arriver à l’examen du leadership occidental, pour comparaison 
avec le leadership russe, notons que l’OTAN a mis 78 jours de 
bombardement et 38 000 sorties aériennes pour contraindre la petite 
Serbie à demander l’armistice. Rappelons que la Serbie est 8 fois plus 
petite que l’Ukraine et 6 fois moins peuplée, et qu’elle était agressée 
par l’OTAN, sans mandat de l’ONU, dans un rapport de force de plus de 
dix contre un. Quelqu’un en occident s’est-il interrogé alors sur la 
qualité du leadership de l’OTAN qui a mis 78 jours à vaincre son 
adversaire serbe avec un tel rapport de force ? Quelqu’un s’est-il 
interrogé sur la légalité de cette action lancée sous un prétexte 
mensonger (faux massacre de Racak) et sans mandat de l’ONU ?

Je connais bien, pour l’avoir mesuré moi même aux USA pendant plusieurs 
années, la qualité du leadership US, qui est aussi celui de l’OTAN et 
qui, disons le tout net, n’est pas bonne, à quelques exceptions près. 
Pour tenter d’évaluer la qualité de leur leadership et les chances de 
victoire dans un éventuel conflit, les USA utilisent deux méthodes:

1 – Pour la guerre de haute intensité, les évaluations se déroulent dans 
un grand camp militaire situé dans le Nevada: Fort Irwin.
Toutes les brigades mécanisées ou blindées de l’Armée de Terre US 
effectuent des séjours d’entraînement et de contrôle dans ce camp, à 
intervalles réguliers. J’ai eu le privilège d’assister à nombre d’entre 
eux. Après trois semaines d’entraînement intensif dans ce camp, avec 
tous les matériels majeurs, il y a un exercice en vraie grandeur pour 
conclure la période, avant que la brigade ne rejoigne sa ville de 
garnison. La brigade est opposée à un petit régiment équipé de matériels 
russes et appliquant la doctrine militaire russe. On l’appelle l’ OPFOR 
(Opposing Force).

Statistiquement, selon l’aveu même du général commandant le camp et 
directeur de ces exercices militaires de haute intensité, la brigade US 
perd la partie 4 fois sur 5 contre l’OPFOR russe. Rares sont donc les 
commandants de brigades américains qui peuvent se vanter de l’avoir 
emporté sur “l’OPFOR russe” à Fort Irwin.

Interrogé sur cette étrangeté, le commandant du camp nous déclarait 
toujours: “ce n’est pas grave, le commandant de brigade apprend de ses 
erreurs et ne les renouvellera pas en situation réelle”. On peut 
toujours rêver…

De mon point de vue d’observateur extérieur, les échecs des commandants 
de brigade US étaient tout simplement liés à leur formation qui consiste 
à suivre des schémas et des règlements à la lettre sans jamais en 
déroger, même si la situation se prête à la prise d’initiatives et/ou à 
des actions d’opportunité, en marge des règlements. Le “principe de 
précaution” ou “Zero defect philosophy” paralyse les leaders, retarde 
les prises de décision, coupe l’élan, et conduit très souvent à la 
catastrophe dans le combat de haute intensité.

A Fort Irwin, cette catastrophe est observée dans 80% des cas au 
détriment des brigades US. C’est un fait.

2 – Pour entrainer les États-majors, et tenter d’évaluer les chances de 
succès dans un éventuel conflit, des exercices d’État-major de haut 
niveau (War games) sont organisés chaque année. Ces wargames se veulent 
aussi, en fait, des répétitions d’actions militaires qui sont 
envisagées. Il y a, en bout de chaîne, des unités des trois Armées pour 
matérialiser les décisions prises par les États-majors US.

Il faut savoir que tous les wargames envisagés contre la Chine ont été 
perdus par le camp US, ce qui explique peut être la prudence des USA 
dans leurs relations avec la Chine.

J’ai moi même participé au printemps 1998 à l’un de ces wargames qui 
n’était autre que la répétition, avant l’heure, de la guerre d’Irak de 2003.

Il faut aussi souligner que des wargames contre l’Iran ont été perdus 
par la partie US et notamment, en 2002, le wargame Millenium Challenge. 
Cette année là, le général du Marine Corps Van Riper qui commandait 
l’OPFOR iranien a coulé l’ensemble d’un groupe porte avions US (19 
navires) et 20 000 hommes en quelques heures, avant que le leadership US 
ne s’aperçoive de ce qui lui arrivait.

========== REMAINDER OF ARTICLE TRUNCATED ==========