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https://www.persee.fr/doc/rga_0035-1121_1950_num_38_2_4042

La sécheresse des années 1942-49 en France

  Depuis quelques dizaines d'années, jusqu'à 1941, la crainte des 
sécheresses, peut-on dire, n'a point obsédé les populations de l'Europe 
occidentale. Certes, on a bien constaté en certaines années ou en 
certaines saisons des indigences pluviales remarquables, par exemple en 
1906, 1911, 1923, 1925, 1929, 1933, 1938 et surtout en 1921. Cette année 
a même été considérée comme ayant établi pour beaucoup de régions 
européennes jusqu'en, Russie г inclusivement un record difficile à 
battre en matière de parcimonie pluvieuse. Mais il s'agissait de 
phénomènes peu prolongés, et qui cessaient au bout d'un an ou tout au 
plus de deux ans *. Il semble encore que ces événements n'aient en 
général point eu pour conséquence de catastrophes agricoles, si l'on 
excepte la famine meurtrière qui affligea l'U.R.S.S. , en 1921. En 
outre, les besoins d'électricité en Europe étaient bien moindres que 
depuis le début de la seconde guerre mondiale, en partie à cause de la 
crise économique 4ont notre continent' a souffert à partir de 1930 ou de 
1931 et qui ne s'est atténuée franchement qu'après 1935.

Aussi la faible hydraulicité 3 des années oir des saisons indiquées plus 
haut n'a-t-elle point produit, sauf sur le moment, d'alarmes sérieuses.

01 L'extension de cette pénurie à la majeure partie de notre continent a 
été peut-être plus frappante que la gravité cependant désastreuse de 
l'indigence pluviale. Notons par contraste qu'en 1910, la surabondance 
pluvieuse observée en France n'a eu aucun pendant en Europe orientale. 2 
Dans la France méditerranéenne et surtout en Italie, la sécheresse de 
1921 s'est prolongée en 1922, tandis que cette dernière année procurait 
des chutes d'eau surabondantes dans toute la partie septentrionale de 
notre pays. s Nous appellerons, comme le fait A. Coutagne, « 
hydraulicité » le rapport des débits d'un temps donné avec les débits 
dits normaux (chiffres moyens d'une longue période pour le même temps) ; 
et nous emploierons le terme с pluviosité t avec une signification 
analogue.

  Il n'en a plus été de même depuis la fin de 1941 et surtout depuis le 
printemps de 1942. Car, d'une part l'occupation de la France par les 
Allemands et la réduction ou la suppression des achats à l'extérieur 
nous rendaient plus sensibles au manque d'aliments et d'électricité. Et 
d'autre part, on a vu se succéder, sans trêve durable et avec une 
inquiétude croissante, des années dont la sécheresse a été, ou semblait 
exceptionnelle. Et à vrai dire cette impression n'était pas fausse, car 
des pénuries graves aux saisons critiques ont eu lieu, ainsi qu'on le 
verra, même lors des années pour lesquelles les chiffres totaux ont 
avoi- siné,. égalé, ou dépassé la normale.

En conséquence, l'ensemble de la période 1942-49 a apporté à l'Europe 
Occidentale un gros déficit en productions vivrières, même si l'on ne 
considère l'écart négatif que par rapport aux quantités dont l'on aurait 
pu disposer malgré l'arrêt des importations, si les pluies avaient été 
normales. En particulier, dans des régions étendues, la récolte de foin, 
si indispensable à l'approvisionnement en viande et en lait, a été coup 
sur coup déficitaire de 1942 à 1945, continuité dont en général on ne se 
rappelle pas d'exemple. Et cette récolte a encore été bien faible en 
d'autres occasions.

Souvent aussi, les productions de légumes ont été lamentables. Et si 
pour les céréales on a plusieurs fois bénéficié de pluies presque 
inespérées, alors que tout semblait perdu, ce fut en 1945 et en 1947 le 
désastre, aggravé pour la dernière année par des gelées d'hiver d'une 
nocivité sans précédent4. Il n'est pas impossible que ces deux années 
aient été, au point de vue agricole, les plus désastreuses de notre 
histoire contemporaine depuis le début du xixe siècle 5. Il ne nous 
semble pas exagéré de dire que ces phénomènes climatiques répétés avec 
une insis- tancie inattendue ont au moins, autant contribué à nos 
malheurs alimentaires, durant cette époque terrible, que ne l'ont fait 
les prélèvements opérés par l'ennemi ou le blocus.