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Subject: Les deux acceptions de la foi
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1. Comment se pose le problème des deux fois

Bien que je voue une admiration sans borne à Claude Tresmontant et à son 
oeuvre je ne suis pas entièrement d'accord avec sa définition de la 
« emounah » traduite par la « foi » en français courant et par la 
« certitude de la vérité qui est en Dieu » par Tresmontant. Bien entendu 
la traduction de Tresmontant est infiniment meilleure que la traduction 
usuelle. La emounah est bien la certitude de la vérité qui est en Dieu. 
Et Tresmontant a raison de dire que dans sa forme achevée et parfaite 
cette certitude qui provient de Dieu, qui est un don de Dieu, s'adresse 
à la raison humaine et la pénètre de la même manière qu’une 
démonstration mathématique pénètre la raison. Mais cette foi parfaite 
n'est pas la seule.

Le XXe siècle a connu deux géants de la pensée chrétienne. Le premier 
est sans conteste Tresmontant. Le second est René Girard qui a découvert 
et compris des enseignements extrêmement ardus de l’ancienne comme de la 
nouvelle alliance. Girard permet de comprendre l’autre acception de la 
« emounah ». C’est cette autre acception que je vais tenter d’esquisser 
dans ce très court texte.


2. La emounah au sens girardien

Avant de lire Tresmontant je croyais être chrétien mais je ne l’étais 
pas vraiment parce que je ne comprenais pas véritablement le 
christianisme. J’avais une foi imparfaite, qui n’avait pas pénétré ma 
raison mais qui procédant du sacrifice de Jésus sur la croix s’adresse à 
la chair pour la forcer à croire dans la nature divine du Christ, unie 
sans séparation ni confusion à sa nature humaine. Quand Tresmontant dit 
que la chair, la nature humaine, est bonne car créée par Dieu il a 
absolument raison. Le mal ce n’est pas la chair, le mal ce ne sont pas 
les programmations animales inscrites dans notre cerveau reptilien. Le 
mal est purement spirituel : c’est le choix absolument libre et 
volontaire que l’esprit humain fait lorsqu’il reçoit, assimile et 
pratique les programmations animales inscrites dans le cerveau 
reptilien, le fameux serpent de Genèse, contre les programmations 
spirituelles que l’Esprit lui propose. Le mal n’est pas l’animalité, 
voulue, créée et bénie par le Père. Le mal consiste à choisir ce qui est 
transitoire, ce qui n’existe que pour que l’homme puisse venir librement 
et volontairement à Dieu en accueillant l’Esprit dans son esprit. 
D’ailleurs c’est dit dans la torah !

Deutéronome 30,15-16
15  Vois, je mets aujourd’hui devant toi la vie et le bien, la mort et 
le mal.
16  Car je te prescris aujourd’hui d’aimer l’Éternel, ton Dieu, de 
marcher dans ses voies, et d’observer ses commandements, ses lois et ses 
ordonnances…

Pourquoi l’Éternel procède-t-Il ainsi ? Parce qu’Il veut faire de nous 
des dieux, des fils du Très-Haut (Ps 81,6 pour les catholiques, Ps 82,6 
pour les juifs et les protestants). Or un dieu est libre, un fils du 
Très-Haut partageant la vie de l’Absolu est libre, absolument libre. Et 
la liberté absolue que YHWH veut pour nous ne s’impose pas ! « Sois 
libre » ou « Je t’ordonne d’être libre » est une contradiction. Et c’est 
pourquoi Dieu nous propose le but de la création. Comme l’enseigne 
Tresmontant à la suite de la tradition hébraïque juive ou chrétienne il 
y a au moins deux étapes dans la création :
- la création par le Parler (ha-dabar en hébreu, ho logos en grec) au 
cours de laquelle Dieu impose l’information créatrice qui structure, 
fait exister et fait évoluer le monde et tout ce qu’il contient ;
- la création par l’Esprit (ha-ruah en hébreu, ho pneuma en grec) par 
laquelle YHWH propose à l’esprit de ha-adam l’information spirituelle 
qui métamorphose l’homme créé animal en une créature spirituelle unie au 
Père et au Fils (l’homme Jésus) dans l’Esprit.

La chair est donc bonne. Ce qui est mauvais c’est la conception du bien 
et du mal qui résulte de la réception, de l’assimilation et de la 
pratique par ha-adam des programmations animales qui procèdent du 
serpent. Car cette conception du bien et du mal est incompatible avec 
celle de Dieu. Pourquoi Dieu l’a-t-il inscrite dans notre chair ? Afin 
qu’ayant le choix nous soyons libres, absolument libres de venir à Lui.

La grande découverte de Girard c’est que le sacrifice du Christ par les 
Goïm a forcé ces derniers à avoir « la certitude » que Jésus est Dieu. 
Car ha-adam divinise ses boucs émissaires lynchés lors des crises 
mimétiques graves que traverse l’humanité. Pourquoi ha-adam a-t-il cette 
certitude ? Parce que c’est une programmation animale inscrite dans 
notre cerveau reptilien ! Et c’est grâce à cette programmation que les 
Goïm ont eu la certitude que Jésus est Dieu. Mais cette certitude qui 
provient de la chair n’est pas le salut. Car le salut ne provient que de 
l’Esprit. Si l’homme a la certitude que Jésus est Dieu parmi nous, s’il 
a la certitude qu’il a en lui l’Esprit qui est le Père, cela ne suffit 
pas à le sauver. Pire encore si sachant que Jésus est Dieu il rejette 
l’Esprit alors il se perd. Péché contre l’Esprit n’a pas de pardon, non 
pas que Dieu soit cruel mais parce que ha-adam a rendu inutile ce qui 
sauve : le sang, c’est-à-dire la vie dans le système de représentation 
des Hébreux, du Christ. Celui qui rend inutile le don de la vie consenti 
par le sacrifice libre et volontaire de Jésus, celui-là se perd.

Il existe donc une foi qui naît du sacrifice de Jésus. Cette foi n’est 
pas pleinement rationnelle. Elle l’est même fort peu voire pas du tout. 
Cette foi est-elle mauvaise ? Absolument pas ! Elle est bonne, 
excellente, voulue par Adonaï, bénie par Lui. Elle est nécessaire pour 
avoir la certitude que le très difficile enseignement donné par Jésus, 
difficile car il heurte de front notre animalité, provient de Dieu, est 
bon, salutaire et mérite l’effort pour tenter de l’assimiler et de le 
pratiquer avec l’aide de Dieu bien évidemment. C’est dans cette lutte 
acharnée de ha-adam contre son animalité que se forge l’union entre 
l’Incréé et la créature humaine.

La raison pour laquelle le christianisme est tellement difficile à 
comprendre c’est que nous ne méritons pas le don de Dieu. Par contre 
notre combat au côté de Dieu pour vaincre le serpent en nous, pour 
consentir à sa crucifixion, ce combat dans lequel Dieu nous soutient 
même quand nous avons l’impression qu’Il nous abandonne, ce combat crée 
notre mérite aux yeux du Très-Haut. C’est en ceci que nous devenons nous 
aussi créateurs.


3. Sources évangéliques pour la foi au sens girardien

Les évangiles sont cités dans la traduction et l’annotation de Tresmontant

Chez Matthieu :

Mt 11, 12
12  depuis les jours de iôhanan
qui plonge [les gens dans les eaux]
jusqu'à maintenant
le royaume des cieux est pris de force
et ce sont les violents qui s'en emparent de force

notes du verset Mt 11,12
Depuis les jours de lohanan... La question est de savoir si, dans la 
pensée du Rabbi, le fait que le royaume des cieux soit pris de force et 
que les violents s'en emparent, est une bonne chose, ou une mauvaise ? — 
S'agit-il de ceux qui prétendent à tort inaugurer le règne de Dieu par 
la force, par la violence ? — Ou bien s'agit-il de ceux qui entrent 
violemment — et ils font bien — dans l'économie de la nouvelle création, 
qui est le royaume des cieux ? — Le même propos est rapporté par Luc 16, 
16 en des termes différents et dans un tout autre contexte : La torah et 
les prophètes, jusqu'à lohanan. A partir de ce moment-là le royaume de 
Dieu est annoncé et tout homme s'efforce d'entrer dans le royaume de 
Dieu de force, avec violence. — Ce qui prouve une fois de plus que nous 
avons affaire à un ou plusieurs recueils de notes et que les notes 
n'étaient pas classées dans le même ordre. Matthieu et Luc rapportent le 
même propos dans des contextes différents. Chacun traduit comme il l'entend.

Chez Luc :

Luc 14, 22-23
22 et alors [après cela] il a dit le serviteur
maître
c'est fait ce que tu as commandé
et il y a encore de la place
23 et il a dit le maître à son serviteur
sors sur les routes et [va] aux clôtures
et force [les gens] à entrer
afin qu'elle soit remplie ma maison

Luc 16,16
la tôrah et les prophètes jusqu’à iôhanan et à partir de ce moment-là 
l’heureuse nouvelle du règne de dieu est annoncée et tout homme est 
forcé d’y entrer

Note du verset Lc 16,16
Et tout homme est contraint d'y entrer... Traduction provisoire, 
conjecturale et incertaine. Nous appuyons notre conjecture sur Luc 14, 
22: Et force-les à entrer. — Le verbe grec biazô, user de force ou de 
violence, moyen biazomai, user de violence, presser avec force, traduit 
plusieurs verbes hébreux qui signifient en effet l'insistance, la 
contrainte, la violence, le viol, Genèse 33, 11 ; Exode 19, 24; 
Deutéronome 22, 25, le viol; Deutéronome 22, 28; Juges 13, 15, retenir 
avec insistance; Juges 13, 16, idem, forcer; Juges 19, 7, insister ; 2 
Samuel 13, 25, insister ; 2 Samuel 13, 27, idem ; 2 Rois 5, 23, 
insister. Esther 7, 8, faire violence à une femme, la reine Esther. — 
Nous pouvons donc retenir le sens forcer, presser, insister. — La 
question ouverte est de savoir s'il faut comprendre : tout homme est 
forcé, contraint d'entrer. — Ou bien : tout homme s'empare avec violence 
du règne ou du royaume de Dieu; et dans cette seconde conjecture, la 
question est de savoir si cela est pris dans un sens positif, favorable, 
louable, ou négatif. — Ce propos ne se rattache pas aux précédents. 
C'est une fiche qui se trouvait là, dans le dossier de notes que traduit 
notre traducteur inconnu. Le même propos se retrouve dans un tout autre 
contexte, ou sous-ensemble, Matthieu 11, 11. La traduction de Matthieu 
est plus complète. Marc ne rapporte pas ce propos.

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