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From: Paul & Mick Victor <b.suisseVotreculotte@gmail.com>
Newsgroups: fr.rec.arts.musique.classique
Subject: Re: AUDIO...phile...
Date: Mon, 11 Sep 2023 03:00:30 +0700
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X-Newsreader: MesNews/1.08.06.00
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Lines: 51

MELMOTH a formulé ce dimanche :
> https://www.youtube.com/watch?v=HwFX93-Oc9g&t=101s

Chacun son truc, après tout, même si investir dans une telle 
installation pour écouter Pat Métheny ou Led Zeppelin me laisse un peu 
perplexe. Je retiens une affirmation : "La qualité globale d'un 
système, c'est 50% de matériel et 50% d'acoustique". Pour ma part, 
j'aurais plutôt envie de dire : "La qualité globale d'un système, c'est 
10% de matériel et 90% de cerveau". Ce type n'est pas musicien, c'est 
évident. Qu'il trouve son plaisir dans la précision des timbres, dans 
la finesse des aigus ou la profondeur des graves, c'est parfaitement 
légitime, rien à dire là-dessus. Chacun prend son pied comme il 
l'entend. Je pourrais toutefois lui suggérer de faire l'effort 
d'assimiler quelques règles et quelques lois de la musique, d'étudier 
un minimum le solfège, l'harmonie (et la poésie, la littérature, la 
peinture, le cinéma, l'architecture, parce que la musique rayonne et 
touche à tous les arts, et que tous les arts sont connectés). Il 
s'apercevrait alors qu'il peut jouir intensément d'une suite de Bach ou 
d'un prélude de Debussy sur un vinyle rayé joué sur un Teppaz de 
mauvaise qualité. Parce que la priorité ne sera plus alors le son, mais 
l'idée. Parce que la musique ne sera plus stimuli physique, mais 
stimuli intellectuel.

On peut même se passer entièrement du son. Ainsi, je peux me jouer 
certaines sonates de Beethoven ou certaines partitas de Bach uniquement 
dans la tête, parce que je les ai beaucoup étudiées, beaucoup jouées, 
et que je les connais absolument par cœur. On appelle ça l'audition 
intérieure, ça se travaille, et c'est très pratique en cas de panne 
d'électricité. Comment ça, j'exagère ? Mais ce n'est pas une prouesse, 
c'est quelque chose que tous les musiciens font couramment, et je ne 
suis qu'un nain, un sous-doué avec un QI d'huître à côté de quelques 
très grands. J'ai donné un lien vers Abbado dirigeant la 9ème de 
Mahler. Près d'une heure et quart de musique d'une extrême complexité, 
un foisonnement de détails, d'attaques, de rythmes fluctuants, de voix 
enchevêtrées, un orchestre surdimensionné, et tout ça, sans la moindre 
partition ! Abbado souligne chaque détail, indique chaque inflexion, 
chaque changement de tempo, avec la précision d'un métronome, ce type a 
une symphonie entière dans la tête. Et ce n'est pas J'ai du bon tabac ! 
Regardez la partition d'orchestre pour avoir une idée de ce à quoi ça 
ressemble… Pour moi, on est là aux limites des capacités de l'esprit 
humain. Il n'avait pas besoin de se passer le disque sur une 
installation très haute fidélité, Abbado. Il lui suffisait de s'asseoir 
dans son fauteuil et de s'interpréter la symphonie dans sa tête, sans 
en manquer une note. Je n'ai vu qu'un autre chef capable d'une telle 
prouesse : Lorin Maazel, qui, en répétition, sans partition, pouvait 
dire ce genre de phrase : "les cors 1 et 2, reprenez sur le mi bémol, 
troisième temps, mesure 548, en haut de la page 27." Non seulement il 
avait l'œuvre dans la tête, mais il avait également un visuel de la 
partoche.
--
Paul & Mick Victor
Nabot