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From: P Cormoran <pc@ue.com>
Newsgroups: fr.soc.politique,fr.soc.economie
Subject: Re: =?UTF-8?B?SWFjcXVlcyBTYXBpciA6ICJMYSBjcm9pc3NhbmNlIGltcHJlc3Np?=
	=?UTF-8?B?b25uYW50ZSBkZSBs4oCZw6ljb25vbWllIHJ1c3NlIg==?=
Date: Sun, 28 Jan 2024 16:32:14 +0100
Organization: A noiseless patient Spider
Lines: 141
Message-ID: <up5s1v$3vsif$1@dont-email.me>
References: <up5j96$3u61j$1@dont-email.me>
MIME-Version: 1.0
Content-Type: text/plain; charset="utf-8"; format=flowed
Content-Transfer-Encoding: 8bit
Injection-Date: Sun, 28 Jan 2024 15:32:15 -0000 (UTC)
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X-Newsreader: MesNews/1.08.06.00
Bytes: 10078

Cardinal de Here a formulé ce dimanche :
> https://www.entreprendre.fr/la-croissance-impressionnante-de-leconomie-russe/
>
> L'économiste fait un point sur l'économie russe, ainsi que sur la politique 
> monétaire menée par la Banque centrale de Russie, qui use tout 
> particulièrement du contrôle des capitaux.
>
> Publié le 02/12/2023 · Jacques Sapir
>
> L’économie russe est en train, à l’automne 2023, d’effacer les conséquences 
> les plus graves des sanctions. Ces dernières auront donc été inefficaces pour 
> dissuader la Russie et pour l’affaiblir. La croissance russe actuelle est 
> spectaculaire. Elle démontre que le pays a su trouver en lui-même des sources 
> de croissance inattendues pour nombre d’observateurs occidentaux. Mais, cette 
> croissance révèle aussi que l’économie russe a changé. Il faut désormais 
> prendre la mesure de ces changements. Ils font émerger de nouveaux problèmes, 
> et en particulier pour la politique monétaire dont on peut se demander si 
> elle est toujours adaptée à la nouvelle situation.
> La Russie déjoue régulièrement les prévisions
> Depuis l’été 2022, la Russie déjoue régulièrement les prévisions des 
> analystes occidentaux mais aussi, il convient de le dire, de certains 
> analystes russes. Alors que d’avril à juin 2022, les institutions économiques 
> occidentales prévoyaient le pire pour la Russie (-11,2% pour la Banque 
> Mondiale, -10,0% pour l’OCDE, -8,5% pour le FMI), l’année s’est terminée sur 
> une contraction de seulement -2,1%. Pour 2023, on constate à peu près la même 
> chose. On a commencé par annoncer une nouvelle contraction de l’économie, 
> puis le FMI a annoncé un chiffre positif, +1,5% en avril dernier, et a révisé 
> son estimation en octobre à 2,25%. Les prévisions des analystes russes 
> ont-elles aussi évolué.
>
> Le décalage des chiffres entre le bulletin trimestriel publié par l’Institut 
> des Prévisions économiques et le bulletin d’analyse de court terme s’explique 
> car les chiffres du bulletin trimestriel, issus du modèle QUMMIR, sont 
> toujours en retard par rapport aux prévisions faites par le même institut 
> tous les mois (ou Kratkospotchnyj analiz dinamiki VVP) qui sont publiées 
> chaque mois. Cela n’est pas étonnant. Les paramètres du modèle, lors des 
> exercices trimestriels, montrent une plus grande inertie que lors des 
> exercices de prévisions à très court terme. Cependant, ces résultats tendent 
> à s’aligner sur ce qui deviendra progressivement la réalité de la croissance 
> économique.
>
> Une forte demande
> En fait, l’économie russe connaît une forte croissance depuis la fin du 
> premier trimestre 2023. La croissance moyenne du PIB sur mars-août 2023 
> atteint 4,3% et devrait atteindre 3% pour l’année. L’industrie manufacturière 
> a, quant à elle, atteint les 9,4% de croissance sur la même période, ce qui 
> est exceptionnel. La construction progresse aussi largement et le salaire 
> réel a augmenté en moyenne sur les 6 derniers mois de 8,0%.
>
> Cette situation s’explique par plusieurs facteurs : la consommation des 
> ménages a repris et tire les industries produisant des biens de consommation 
> ; l’effort de guerre – le budget de la défense devrait monter en 2024 à 6% du 
> PIB – a aussi un impact positif sur les industries mécaniques et la 
> métallurgie ; enfin, les programmes de substitution aux importations 
> commencent à porter leurs fruits avec des taux de croissance astronomiques 
> dans les industries électroniques (+39% pour les 6 derniers mois) et les 
> industries électriques et optiques (+30%). Globalement, la croissance de 
> l’industrie tire l’économie.
>
> Une inflation de 6% à 7% pour 2023
>
> Elle s’explique par une forte demande, tant privée que publique, par des 
> importations de machines perfectionnées de la Chine et d’autres pays, mais 
> aussi par d’importantes aides, directes et indirectes, de l’État. De fait, 
> l’économie russe est en train d’évoluer, avec une hausse de la production 
> manufacturière et une baisse relative de la production de matières premières, 
> mais aussi du fait de changements dans le domaine monétaire et financier, 
> avec l’arrêt des sorties de capitaux, et dans la structure des 
> investissements. Ce changement engendre alors une forte demande. Cette forte 
> demande, et ses implications sur l’emploi, entraînent un climat 
> inflationniste qui devrait perdurer en 2023 et 2024. La Banque centrale 
> s’attend d’ailleurs à une inflation de 6% à 7% pour 2023.
>
> L’économie russe n’est pas une économie de guerre au sens de ce que l’on a 
> connu dans le premier et le second conflit mondial. Mais, la guerre et les 
> sanctions ont provoqué un changement important. L’économie russe s’est 
> définanciarisée, et elle a réduit l’importance de certains marchés. Pourtant, 
> l’investissement progresse de manière évidente, avec une croissance de +12% 
> au deuxième trimestre 2023, ce qui explique aussi la forte croissance que 
> l’on connaît actuellement.
>
> Changement de modèle
>
> Ceci conduit à penser que l’économie russe est en train de changer de modèle. 
> Ce changement n’est pas encore accompli, mais il est néanmoins bien engagé. 
> Les processus de définanciarisation, comme l’obligation du rapatriement 
> immédiat des bénéfices d’exportation, la dédollarisation de l’économie et les 
> programmes de soutien à la substitution aux
>
> importations ont joué un grand rôle dans ce changement. Ce changement 
> s’accompagne d’une réorientation de l’économie, dans ses relations 
> géographiques mais aussi dans la croissance du secteur manufacturier face aux 
> matières premières.
>
> L’étude des sources de l’investissement est aussi très significative. On 
> constate que l’autofinancement est redevenu la source principale de ces 
> investissements, alors qu’il ne représentait, en moyenne sur la période 
> 2000-2016, que 43,2% du total. Le basculement ici est net. Il implique que 
> les profits des entreprises sont devenus la variable capitale pour le 
> financement des investissements. L’autofinancement est suivi de près par les 
> subventions publiques (qu’elles proviennent de l’État fédéral ou des régions) 
> et par les crédits inter-entreprises, qui sont globalement alloués par les 
> grands groupes publics. Cela implique que la politique des taux directeurs de 
> la Banque Centrale ne peut avoir qu’un effet, essentiellement indirect, 
> réduit. Le crédit bancaire, lui, ne dépasse pas les 10%.
>
> Taux directeur relevé
> Ce changement prend la forme à la fois d’un changement dans la structure de 
> la production, dans des modifications de la demande solvable globale et un 
> poids croissant mais pas écrasant de la puissance publique, et – à terme – 
> dans des modifications des structures de financement. Ces changements sont 
> cohérents avec le contexte global dans lequel l’économie russe est immergée. 
> Ils aboutissent à faire que l’économie russe est de plus en plus une économie 
> contrainte par l’offre (et l’offre de travail en particulier) et aussi une 
> économie qui devient moins sensible aux instruments qualitatifs de la 
> politique monétaire (les taux d’intérêts) et plus à des instruments 
> quantitatifs.
>
> En ce qui concerne la politique monétaire, la Banque Centrale de Russie a 
> décidé de relever son taux directeur de 12% à 13%, et elle pourrait envisager 
> une nouvelle augmentation le 15 octobre. Cette décision a ranimé un débat sur 
> la cohérence de la politique monétaire menée par la Banque Centrale vis-à-vis 
> de la croissance économique en Russie.
>
> La Banque Centrale de Russie a adopté une stratégie de ciblage de l’inflation 
> pour pouvoir continuer à opérer en situation de changes flottants en 2014. 
> Cette politique a été maintenue malgré les fortes perturbations engendrées 
> par la première vague de sanctions dont la Russie a été victime en 2014-2017.
>
> Réorientation vers la production manufacturière
>
> Cependant, cette stratégie de ciblage de l’inflation a suscité des critiques 
> et des inconvénients manifestes. Elle était basée sur un taux de change 
> flottant, mais avec le contrôle des capitaux, le taux de change n’est plus 
> libre, ce qui rend cette politique incohérente. Les conditions du marché des 
> changes et les canaux de transmission de la politique monétaire en Russie ont 
> également évolué, ce qui n’a pas été pleinement intégré par la Banque 
> Centrale.

Après avoir prédit 432 fois (à peu près) l’effondrement de la zone 
euro, qui prend encore Sapir au sérieux ?