Path: news.eternal-september.org!eternal-september.org!feeder3.eternal-september.org!news.gegeweb.eu!gegeweb.org!usenet-fr.net!pasdenom.info!.POSTED.astlambert-652-1-123-249.w90-62.abo.wanadoo.fr!not-for-mail From: "M.V." Newsgroups: fr.lettres.langue.francaise Subject: =?UTF-8?B?T3B0aWTDqWJhcnF1ZXVyIChWZXJ0aWNhbHVzIHByZW1hdHU=?= =?UTF-8?B?cnVzKQ==?= Date: Sat, 7 Jun 2025 12:23:31 -0000 (UTC) Organization: M.V. & Co Archive: no Message-ID: <1021b03$71m$1@rasp.pasdenom.info> MIME-Version: 1.0 Content-Type: text/plain; charset=UTF-8 Content-Transfer-Encoding: 8bit Injection-Date: Sat, 7 Jun 2025 12:23:31 -0000 (UTC) Injection-Info: rasp.pasdenom.info; posting-account="michel.vauquois@usenet"; posting-host="astlambert-652-1-123-249.w90-62.abo.wanadoo.fr:90.62.40.249"; logging-data="7222"; mail-complaints-to="abuse@pasdenom.info" User-Agent: MacCafe/3.04.1 ("kontir wild forest") (macOS 10.14.6 (18G9323) - MacBookAir7,2) Cancel-Lock: sha1:u6NY0Gvm5KZkcvspTeh1o1r9cn8= sha256:Z+f/HYwzXgHfTRT0IKE+ztNw1eA+5zN9RipAFELw8LY= sha1:mwDhrsmIKQyPH88DMgJCc5eswBo= sha256:rD3K92/gUXEkfntZnrSKua9EcI1hYDgJiuoAVlI4Alw= sha1:dIR1EbFPF61FpG+nm26xkJJX2mg= sha256:SOlIupeoP8AfUo2qf4ImnoRqF+mvLkMAtTNEu5m2dvU= Mail-Copies-To: nobody X-Face: 0f|`H5*Our0P$s'uj0)fS=&`R#U+JYple<6GW!O'TO4sB4,Q9"tHNQo]\7p\,,nCZ_saH4~Ie 'gYktutVOXK})aU*/@meZ_y=ixi8qwcJ,ssAk~G4Rr?qr60d_euHkHHJ_;EHES_(IExNo h6 X-No-Archive: yes X-URL-Perso: http://michelvauquois.fr Hello, Lu dans La direction générale de l’aviation civile turque impose désormais aux compagnies aériennes de rappeler aux passagers qu’ils doivent rester assis, ceinture bouclée, jusqu’à l’arrêt complet de l’appareil. Les contrevenants risquent une amende de 2 500 livres turques, soit 57 euros. Un pays qui a enfin décidé de s’attaquer à ce fléau que constitue l’optidébarqueur (n.m). • Définition Passager qui se lève dès que l’avion a touché le sol ou avant que le train approche de son terminus, courbé sous les coffres à bagages, créant ainsi une file humaine absurde et oppressante, alors que les portes sont encore fermées. L’optidébarqueur croit optimiser le flux vers la sortie en le compliquant. • Exemples « J’ai cru que je n’allais jamais pouvoir sortir, un troupeau d’optidébarqueurs bloquait l’allée. » « Les optidébarqueurs devraient aller se rasseoir jusqu’à l’ouverture effective des portes. Ou être placés en soute. » • Prononciation [p.ti.de.ba.kœ] • Synonymes Verticalus prematurus (scientifique), turbo-pressé du tarmac (jargon professionnel), urgentassé (jargon de logistique des transports), stand-up flyer (argot aérien). • Usage L’optidébarqueur se lève avec un sens de l’urgence inexpliqué, pour ensuite rester debout, coincé, encombré de sa veste, de son sac et de sa dignité pendant une petite demi-heure. Quand la station debout devient trop pénible, l’optidébarqueur prend l’accoudoir voisin pour un « a-cul-doir », mais refuse de se rasseoir sur un objet conçu pour. Au moment de la sortie effective, l’optidébarqueur peut être dépassé par les passagers restés assis qui, eux, sortent en ordre. • Habitat naturel L’optidébarqueur se niche dans les couloirs des rames de TGV du lundi matin et des week-ends de pont. En vol, il prolifère dans les rangs arrière. Dans le métro, il vit agglutiné aux portes, et lorsqu’il s’assoit, c’est côté couloir même s’il a 15 stations à parcourir, bloquant l’accès aux places assises, qui restent vides alors que l’espace « debout » est bondé. • Signes particuliers Doté d’une remarquable ouïe sélective, l’optidébarqueur perçoit le changement de régime moteur annonçant la descente d’un avion, mais n’entend pas les messages invitant à rester assis. Dans l’avion comme dans le train, l’évacuation est une course qu’il doit remporter : il évalue les distances entre chaque porte et l’encombrement des couloirs pour définir sa stratégie de sortie, s’invente des raccourcis dans des allées de 45 centimètres de large. Il croit fermement que les portes s’ouvrent plus vite s’il regarde fixement dans leur direction, soupire quand ça n’avance pas et donne alors des petits coups de genoux dans sa valise à roulettes pour faire avancer celui qui est devant lui. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Excunomiser : penchant à dissimuler derrière des arguments d’économies un achat relevant d’un pur caprice consumériste Convaincu que chaque seconde passée assis lui fait perdre un peu de sa journée, il lance des regards méprisants à ceux qui n’ont pas encore déverrouillé leur ceinture et ne semblent rien attendre de la vie. L’optidébarqueur ne fait preuve d’aucune pitié face aux remonteurs, ces gens qui ont besoin de prendre la file en sens inverse pour aller récupérer leurs bagages, leurs enfants ou revenir du bar : il est prêt à leur faire barrage. Il garde son sac à l’épaule, persuadé que le poser au sol ralentira l’ouverture des portes. Sous les regards rigolards, écarlate de sueur et marinant debout sous son écharpe et manteau, il fait bonne figure si une voix annonce que le quai n’a pas été attribué et que le train reste bloqué sur la voie. Quand il n’est pas dans un appareil en déplacement, il préfère les concerts à placement libre, se lève toujours avant le générique au cinéma et est le premier à applaudir à la fin d’un spectacle. Au supermarché, il passe à la caisse réservée aux femmes enceintes et aux invalides. •Cycle de vie L’optidébarqueur tend à contaminer son entourage qui, à sa vue, se sent coupable de rester concentré sur sa lecture, son sudoku ou les stories de sa belle-sœur. A la pleine saison (ponts, vacances scolaires), l’optidébarqueur peut évoluer vers la forme plus rare mais plus grave du bagalpiniste : celui qui grimpe au-dessus des gens assis, prêt à sacrifier trois lombaires pour attraper son sac le premier. •Expression dérivée « Optidébarqueur passif » : celui qui se lève et va prendre sa place debout dans le couloir sans conviction, seulement parce que les autres le font. -- Michel Vauquois -